Christian Labrune Christian Labrune 16 avril 2017 18:44

@Philippe VERGNES
La croyance en la seule existence d’un dieu ne se fonde sur rien, elle naît probablement du sentiment d’impuissance de l’homme qui voudrait bien faire telle ou telle chose et se heurte, depuis la nuit des temps, à des difficultés tout à fait insurmontables. Il imagine donc un être qui serait encore lui mais pourrait tout ce qui lui est interdit par des lois de la nature qu’il ne comprend pas et peut encore moins maîtriser. Avant l’apparition de la théologie négative, même s’il est supposé transcendant au monde et inconnaissable, Dieu reste une entité aux réactions très humaines : une espèce de pédagogue sévère qui punit, se met en colère, récompense, etc.

Dans les époques reculées, Dieu parlait à certains hommes, à des prophètes dont il se servait comme intermédiaires pour dicter ses volontés au peuple. La chose arrive de moins en moins souvent, et même les chrétiens n’y croient plus. Je fais souvent état, sur ce site, des apparitions de l’Immaculée Conception dont je suis témoin le mercredi dans la grotte des Buttes-Chaumont, et je dois avouer qu’en général, si elles paraissent assez bien approuvées (au moins la note 5), elles ne déchaînent les passions ni dans un sens ni dans un autre. On s’en fout, on n’y croit pas - et on a tort !

Ce thème de la toute-puissance du dieu chrétien, par exemple, on le voit très bien s’effondrer dès le début du XVIIIe siècle, parce qu’il contredit l’expérience. Si DIeu est tout-puissant, pourquoi y a-t-il tant de mal sur terre ? Leibniz (« Essai de théodicée », 1710) et Wolf, dont Voltaire se moquera tant, essaieront bien d’expliquer que tout est quand même pour le mieux, mais le tremblement de terre de Lisbonne au milieu du XVIIIe siècle secouera pas mal les consciences européennes, et je ne parle pas de la shoah au siècle passé, puis de la perspective de la guerre atomique. S’il y avait un dieu, il faut bien se rendre à l’évidence : de la condition et du malheur des hommes, il se fout divinement.

Il n’a jamais été question de « croire » à une quelconque toute puissance de la science. Il est très clair qu’elle pose plus de questions qu’elle n’en résout. On pensait au XIXe siècle que la physique, après les travaux de Newton, était achevée. Arrivent là-dessus la relativité et les quanta, et à peine a-t-on mis en évidence l’existence des atomes qu’il faut se rendre à l’évidence : la chose n’est pas insécable comme son nom paraît l’indiquer. Puis, l« électron, le proton et enfin le neuttron à peine découverts, voilà qu’ils sont constituées eux aussi d’un grand nombre de particules. On ne sait pas combien de temps durera le modèle standard actuel, mais ce qu’on sait, c’est qu’il finira bien par être complètement dépassé, et on n’arrivera jamais au bout d’une parfaite connaissance de la nature des choses.

Il reste que la technique bénéficie de ces avancées, permet des réalisations qui auraient paru surprenantes ou impossibles il n’y a pas deux siècles - ou miraculeuses ! Ceux qui croient impossible que les machines puissent devenir conscientes parce qu’ils n’ont pas la moindre idée de ce qu’est l’informatique, sont à peu près dans la même illusion que ceux qui rigolaient de Clément Ader construisant le premier »avion" (on en voit encore un exemplaire suspendu dans le grand escalier du musée des Arts et métiers), lequel fit un bond de quelques mètres avant de se briser misérablement en mille morceaux. C’était bien la preuve définitive qu’un engin plus lourd que l’air ne pourrait jamais voler, non ?


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