kalachnikov kalachnikov 1er août 2017 10:12

Je n’ai pas lu le livre. Cependant, il est facile de remarquer que les deux protagonistes représentent les deux Jugements : l’un pense que l’humanité est foncièrement mauvaise, mauvaise en soi, et l’autre pense qu’elle est foncièrement bonne. Mais ces jugements de la part d’individus n’ont rien d’objectif pour cette simple raison que l’objectivité n’existe pas. Il est assez facile de deviner que celui qui porte sur l’Homme un jugement négatif ne fait en fait que projeter sur tous le jugement qu’il porte sur lui-même. Et on devine son but : se supporter lui-même, se garantir du dégoût, peut-être, qui pourrait l’emporter sur la pente du suicide, en un mot se justifier.
Le second, l’idéaliste, est complètement hors sol. Sur le plan des conséquences, il produira des oeuvres, mais ces oeuvres s’éleveront sur du sable et tôt ou tard la réalité la plus élémentaire infirmera ce petit rêve qu’il gribouille sur le mur de la Vie*.

Ces deux personnages correspondent aux jugements portés sur l’Humanité-même au fil de l’Histoire. L’Homme naturellement pécheur, foncièrement mauvais, qui a commis la Faute et par conséquent la Religion et la Morale pour corriger tout ça. Puis l’Homme naturellement bon, que les choses corrompent, le rousseauisme rigolo dans lequel nous baignons encore et que nous délaissons par défaut, la réalité disant ’non !’ à pareille extravagance, et jugement.

Tout ça est bien gentil mais vraiment très superficiel parce qu’occidental, protestant, etc. Rien que l’idée de Faute originelle est ...fautive parce que connotée, circonscrite à cette culture de maboule (l’Occident) qui du haut de a folie se figure toujours seule, unique, universelle. Elle vit dans l’illusion qu’il n’y a ni Début ni Fin, ou au moins veut bien concéder du bout des lèvres que tout ce qu’il y a pu avoir avant ou de différent n’a jamais pu exister qu’afin de préparer le summum qu’elle imagine constituer, alors que dans les faits, dans sa folie circulaire, elle tourne sans fin autour de la pierre noire du Péché. Et elle aime ça, manifestement.

’Il n’y a pas de phénomènes moraux, il n’y a que des jugements moraux.’ Comme nous tenons pour exact cet axiome, ce qui nous intéresse, nous, c’est pourquoi, quand, comment le premier jugement. Nous nous permettons de rejeter catégoriquement le second jugement pour cette simple raison qu’il ne s’agit historiquement pas d’un nouveau jugement mais de la dénégation du premier jugement et celui-ci serait-il faux, cette dénégation serait délire. D’un autre coté, puisque la philosophie semble depuis quelque temps avoir versé résolument dans la malhonnêteté psychologique, nous ne serions pas étonné que l’on nous démontre savamment que la réfutation du faux génère mécaniquement le vrai.

Cela étant, comme l’auteur, nous reconnaissons que les deux voies (qui n’en sont qu’une e fait, comme j’ai tâché de l’expliquer) sont une impasse et entraînent le désastre. C’est pourquoi nous attachons une importance capitale à ce ’quand, comment, pourquoi’, la résolution de cette question devant théoriquement nous permettre de sortir d’un binarisme mortifère crétinisant et qui sait ? nous autoriser à proférer un nouveau jugement, sinon le dernier jugement.

Ps : « Deux camps se forment régulièrement, chacun défendant sa conception de la vérité et accusant l’autre de mensonge. » : si l’on a bien suivi, je ne suis d’aucun camp et les rejettent tous deux.

* l’Homme maître de son destin et bla bla bla, le libre arbitre, élucubration hystérique à l’aune de l’impératif catégorique, etc.


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