Elliot Elliot 10 août 2017 13:36

Merci pour ce coup de gueule, quasi de salut public devant le délabrement de la situation.

L’effort d’apprentissage d’un enfant doit en effet porter en premier lieu sur l’acquisition de la langue

La langue n’est pas seulement un outil de communication mais elle structure aussi la réflexion et l’analyse.

L’enfant assimilera de toute manière sans nécessité d’aucune aide la langue de la rue.

Et cet effort doit porter en premier lieu sur les fondations du savoir, à savoir l’école primaire comme on l’appelait aux temps anciens où j’ai été scolarisé.

En voulant soi-disant éveiller l’esprit de l’enfant on a encombré le cycle primaire d’ouvertures aussi diverses que variées afin, paraît-il, de les armer aux défis du futur.

A la limite, ce ne serait qu’un demi mal si l’accent était mis là également sur l’usage correct de la langue au lieu de simplifier bêtement l’approche et d’abord par celui qui est chargé de donner le cours et de récolter chez ses élèves le fruit de ses efforts autrement que par l’usage de ses questionnaires à choix de réponses multiples qui envahissent le quotidien.

Le trop est l’ennemi du bien comme on s’en rend compte avec la suite du cursus scolaire où on arrive à cette aberration que des bac +5 ou 6 sont incapables d’écrire en un français correct ( ne parlons pas de l’orthographe qui est devenue, comme jadis la belle écriture, l’apanage des imbéciles ).
J’ai été confronté dans ma vie professionnelle à des monstruosités sémantiques dont je n’avais pas à juger du fond auquel j’étais d’une certaine manière étranger mais dont la forme mâtinée d’anglicismes ( remplaçant des termes français équivalents et qui finiront bien par les évincer définitivement ) interloquait le profane que j’étais mais semblait pourtant accessible à ceux à qui elle s’adressait, à moins que la solidarité de caste les empêchât d’émettre la moindre critique.

Maintenant c’est vrai qu’une langue évolue, ce qui ne veut pas dire régresser : l’anglais en est la démonstration où les formes complexes de la langue de Shakespeare ont disparu du langage courant aussi bien parlé qu’écrit. Que dire alors de sa version américaine qui pousse la simplification jusqu’à la vulgarisation.

Si l’on continue dans cette voie et peut-être est-il déjà trop tard pour réagir - car qui s’occupe encore de la concordance des temps y compris chez ceux qui se prétendent écrivains - il faudra se résigner pour le français par exemple à la disparition du subjonctif imparfait dont l’usage naturel chez nos parents est devenu une marque d’affectation insupportable pour nos enfants.


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