Christian Labrune Christian Labrune 24 septembre 2017 10:54

Votre article rappelle de bons et de mauvais souvenirs. Je me souviens de ma première machine : un apple II - Euro + que j’ai encore en haut d’un placard. 48Ko de ram, et l’OS sur une douzaine de kilo-octets de rom, avec des disquettes d’une capacité gigantesque  : 125 Ko !!!.
Comme il n’y avait pratiquement pas de programmes disponibles si ce n’est un tableur et un traitement de texte adaptés au clavier américain, il fallait programmer en basic, ce qui devenait très vite impossible au-delà d’une certaine longueur de développement, et on arrivait évidemment à l’assembleur du 6502. Des cartes apparurent, de quelques centaines de Ko, divisées en plusieurs bancs de mémoire entre lesquels il fallait switcher puisqu’ils correspondaient les mêmes numéros d’adresses. Quand les programmes qu’on avait patiemment mis au point furent en état de fonctionner, enfin, Apple passa à un autre processeur sans assurer la compatibilité ascendante.
Le même problème ne s’est pas posé avec les PC, du moins pas tout de suite : chaque nouveau processeur acceptait ce qui avait été programmé pour un autre ; on ne programmait plus guère qu’en C++, mais quand les processeurs ont été conçus pour traiter des mots de 64 bits, la nouvelle version du C++ de Microsoft ne pouvait plus assembler le code source de la version 6 sans des modifications si considérables sur un gros programme qu’il valait mieux tout recommencer en adaptant les anciennes fonctions.

Tout semble avoir été fait, effectivement, dans l’industrie du hard et du soft, pour faire en sorte que les utilisateurs soient découragés de comprendre ce qui se passe à l’intérieur et d’utiliser la machine à leur guise. L’apparition de Linux aura été encourageante, mais il faut bien reconnaître que l’ergonomie des assembleurs en ligne de commande, quand on a eu l’habitude du visual C++, c’est un peu comme s’il fallait jeter son briquet pour allumer sa pipe en heurtant des silex !

L’apparition des micro-contrôleurs, avec les cartes Arduino que vous évoquez, a quand même bien ranimé la passion des bricoleurs de l’informatique : on peut désormais fabriquer à peu près n’importe quelle machine, pour peu qu’on consente à passer quelques centaines d’heures à étudier ces cartes pour être à même, dans des systèmes un peu complexes, de les faire communiquer entre elles d’une manière vraiment efficace. Allumer des diodes, faire tourner des moteurs, c’est facile, mais ça ne va pas bien loin. Quand on voit le niveau assez faible des sites internet qui traitent en France de ces questions, bien plus faible que celui des sites américains, on se dit que beaucoup d’utilisateurs finiront aussi par se décourager.

Mais l’essentiel, ce serait quand même que nos contemporains comprennent un peu mieux ce que sont ces gadgets qui les fascinent de plus en plus, qu’ils passent leur temps à tripoter n’importe où et même dans le métro, et avec lesquels ils entretiennent une relation au fond très archaïque et primitive, de l’ordre de la pensée magique.
 


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