mursili mursili 26 octobre 2017 11:50

@Laconique

 Pour ma part, je continuerai à lire Dostoïevski. On peut néanmoins mesurer, à la faveur de cette mystérieuse affaire, à quel point les artistes jouissent d’un privilège d’extra-moralité. Le caractère, la conduite privée ou publique d’un créateur, d’un romancier en l’occurrence, n’affectent en aucune façon la réception qui est faite de son œuvre. Ce qui démontre une fois de plus, si besoin en était, que l’art n’a décidément rien à faire avec la morale.

J’ai envie de rapprocher cet extrait de votre article de cette citation de Marcel Proust, critiquant Sainte-Beuve :

« L’œuvre de Sainte-Beuve n’est pas une œuvre profonde [...] cette méthode méconnaît ce qu’une fréquentation un peu profonde avec nous-mêmes nous apprend : qu’un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices. [...] En aucun temps, Sainte-Beuve ne semble avoir compris ce qu’il y a de particulier dans l’inspiration et le travail littéraire, et ce qui le différencie entièrement des occupations des autres hommes et des autres occupations de l’écrivain. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Contre_Sainte-Beuve

En d’autres termes, l’épisode que vous relatez apporte un éclairage sur l’homme Dostoïevski, pas sur ses romans. Habent sua fata libelli... 


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