Francis, agnotologue François Marie 2 mars 2007 10:36

Sur la retraite, j’aimerais ajouter une petite explication très simple (je ne suis pas spécialiste) que je crois utile pour certains.

En gros il existe en France, outre les régimes spéciaux, la sécurité sociale et les caisses complémentaires. Quelles différences ? Les cotisations pour la retraite reversée par la sécurité sociale sont obligatoires, les cotisations pour les caisses complémentaires sont facultatives et le plus souvent négociées par les conventions collectives.

Les cotisations versées pour la retraite de la sécu sont soumises à un plafond, et la retraite correspondante reversée au cotisant est limitée à un maximum : ceci veut dire que, tant que le salaire n’atteint pas ce plafond, il paie au prorata de son salaire, mais pour les salaires qui dépassent ce plafond la part au delà du plafond n’est pas soumise à ces cotisations.

Les caisses complémentaires, comme leur nom l’indique, permettent de se constituer une retraite complémentaire. Ces caisses fonctionnent également par répartition : le salarié acquiert des points au prorata de ses cotisations, et sa retraite le jour venu sera proportionnelle aux points acquis. En général les conventions collectives prévoient de verser en complémentaire les cotisations relatives à la part au delà du plafond de la sécu de sorte que, en gros, les cotisations restent proportionnelles à la totalité du salaire.

Les conditions de départ à la retraite sont fixées par des règles que je n’évoquerai pas ici. Disons simplement que le salarié ’peut’ prendre sa retraite à 60 ans mais il peut aussi continuer à travailler, donc aussi à cotiser. L’employeur peut mettre d’office son salarié à la retraite à seulement 65 ans, pas avant.

Ceci a pour conséquence que celui qui a peu cotisé et qui ’part’ à 60 ans aura bien entendu une plus maigre retraite que celui qui aura beaucoup cotisé ou qui ’part’ à 65 ans.

Un travailleur imprévoyant ou peu averti, pourrait se réjouir de cet état de fait et ’profiter’ pleinement d’un salaire non amputé de ces cotisations complémentaires. Il risque à l’âge de la retraite de le regretter amèrement.

Un mot, mais c’est le plus important, sur le mécanisme de répartition, base du système de retraite. Les comptes des caisses de retraites sont, en principe équilibrés quand les cotisations perçues pendant une période considérée permettent d’assurer le paiement des retraites versées pendant la même période. Vu du coté du salarié, cela signifie qu’il paie pour les anciens quand il est actif, et plus tard, les nouveaux travailleurs paieront pour lui. C’est d’un simplicité biblique. On appelle cela la dette intergénérationnelle.

Or il se trouve que le discours dominant aujourd’hui, il y a même des ouvrages en librairie sur ce sujet, consiste à dire « nous les jeunes, ne voulons pas payer vos retraites ». Reprenons cet exemple de ’l’heure Sarkozy’ qui coûte à l’employeur 37% de moins que l’heure normale. Ces 37% retirés à la protection sociale, le travailleur n’en verra pas la couleur. Ce sont les actionnaires qui en bénéficieront. Autrement dit, ce sont les actionnaires qui ne veulent plus payer les cotisations sociales, et qui exacerbent par des slogans trompeurs (divisant pour régner) la concurrence intergénérationnelle.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe