Philippe VERGNES 9 mars 2018 12:34

@ arthes,


Sur les appellations p.n., psychopathe ou sociopathe c’est selon moi une grosse erreur que nous commettons de les « catégoriser » ainsi et d’en chasser les points de ressemblance et les différences. On se « plante » totalement en abordant le problème ainsi.

Ce n’est pas du tout l’approche qu’enseigne Racamier et c’est bien pourquoi elle me plaît plus que les autres. Pour lui, tout est une question de dosage, de degré si vous préférez. Il est question de fréquence, d’intensité et de durée. La principale différence que l’on trouve entre toutes ses dénominations... ben, justement, c’est que je m’évertue à dire à tout le monde : c’est le contexte d’étude qui diffère surtout (et la formation qu’a reçue l’observateur du problème en question). « La carte n’est pas le territoire » et chacun dans cette histoire souhaite imposer sa carte aux autres. Le tout est de savoir discriminer les idées et les concepts pour choisir la carte la plus précise du moment. Sinon, on avance pas, on recule. On comprendra aisément qu’une carte qui date de plus d’un siècle n’a plus guère de « valeur » (précision) aujourd’hui si ce n’est d’être un document d’archive... comme si rien ne s’était passé en un siècle. C’est ici que la notion de « timebinding » d’Alfred Korzybski est cruciale (je n’ai pas trouvé de lien vers une définition en français). Pour Korzybski, la « maladie mentale » c’est la perte de cette capacité (associé à des « troubles » du langage et de la communication).

Ainsi, le concept de p.n. est issu d’un type très particulier de psychanalyse (l’objet de mes deux prochains articles déjà rédigés - que je publie à intervalle mensuel sur mon blog - touche à cette distinction que personne ne fait finalement), celui de psychopathe provient des TCC et des théories comportementales et celui de sociopathe provient de Karl Birnbaum dont j’ignore quelle était l’approche principale (et peu importe). J’ai évoqué toutes ces différences conceptuelles dans un article il y a déjà quelque temps : « Le match : psychopathes Vs pervers narcissiques ». Rentrer dans ces débats-là mène à des querelles de clocher inutiles à mon sens (cf. citation d’Henri Laborit en fin du message de 00:34 adressé à Self con troll sur la nécessité de « polyconceptualiste monotechnicien »).

Ce qui importe à la base, c’est le fait que c’est une même dynamique qui se rejoue à différents degrés et différentes échelles (schématisé également dans un de mes articles). Et selon que vous êtes plus ou moins atteint on vous qualifiera de simple manipulateur, de p.n., de psychopathe... ou de sociopathe, etc. (les termes utilisés dans l’histoire de la psychiatrie pour décrire cette problématique sont très nombreux et dépendent des époques ; par exemple, l’un des premiers termes a été de qualifier ces gens de « fou lucide », 1860, etc. ; j’en cite quelques-uns dans mon article ci-dessus... et je suis loin d’en avoir fait le tour).

J’aime assez l’idée de « pervertissement du sacrificiel », car effectivement, l’une des caractéristiques de la proie du p.n., c’est qu’elle « paie » pour « une faute sans nom » qu’elle n’a jamais commise. C’est-à-dire qu’elle baigne dans un climat kafkaïen : elle ne pourra jamais savoir ce que son partenaire lui reproche. JAMAIS ! Et ce pour une raison simple : il l’ignore lui-même... ça, c’est en cours de développement (d’écriture) parce que c’est une clef essentielle de la compréhension de cette dynamique.

« J’ai bien une idée, mais faut que je puisse la « verbaliser ». »

Bah... c’est à ça que servent les échanges. Si un jour vous vous sentez de l’exposer ne vous gênez pas de le faire sous un de mes articles. C’est encore en discussion avec certains pros (ce n’est pas simple à formaliser pour tout le monde). J’y réfléchis moi-même depuis des années et je n’ai encore rien « pondu » de satisfaisant à mon goût. Tant et si bien que je devrais reprendre la piste de René Girard que j’ai lu à un moment où je ne prêtais pas attention à ces problématique. Du coup, je n’en ai rien retenu. Avec son concept de « bouc émissaire », qui est essentiel à mes yeux, c’est déjà une bonne piste... mais il n’y a pas que ça selon moi. D’où votre idée de « pervertissement du sacrificiel » qui me plait plutôt bien (si l’on y associe la problématique de la « faute sans nom et sans faute », il y a sûrement quelque chose à en tirer... à développer, vous l’aurez compris).

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