On sait évidemment l’idée de « l’amélioration de la race » vieille comme
le monde, elle n’a pas attendu L.A., ni le « traitement de textes
génétique »...
Vieille comme le monde ?
Jean-Pierre Berlan, Agriculture et élevage : sélection aristocratique et sélection bourgeoise
De l’influence sociale sur les pratiques de sélection
Le vivant possède deux propriétés fondamentales et paradoxales :
celle de se reproduire et de se multiplier en conservant ses
caractéristiques ; celle de changer, d’évoluer, de s’adapter. Le temps
géologique a accumulé une extraordinaire variabilité génétique inter et
intraspécifique. Au cours de leur bien brève histoire, les hommes ont
domestiqué les plantes et les animaux, les ont sélectionnés et adaptés
de plus en plus finement à leurs besoins en utilisant cette variabilité
naturelle et en l’élargissant. L’agriculture est le produit de ces deux
propriétés complémentaires qui se sont constamment appuyées l’une sur
l’autre.
Mais vers 1760 pour les animaux et un siècle plus tard pour les
plantes, ces deux propriétés deviennent antagoniques
avec l’émergence
d’une nouvelle catégorie sociale, celle du sélectionneur/investisseur.
Il ne s’agit plus d’améliorer les animaux pour satisfaire des besoins,
mais pour faire de l’argent de transformer « l’hérédité » en
marchandise. La faculté du vivant de se reproduire et de se multiplier
s’oppose alors au « droit naturel » du profit et l’agriculture et
l’élevage à la sélection et au sélectionneur. La sélection n’est qu’un
moyen de faire un profit. Dès lors, l’objectif final du
sélectionneur/investisseur (et plus tard de la génétique agricole) ne
peut être que de lutter contre cette malheureuse propriété des plantes
et des animaux de se re-produire et de se multiplier dans le champ du
paysan.
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