Surya Surya 25 juin 2018 14:04

Il y a plusieurs façons de voir Amazon : en tant que consommateur, en tant que travailleur, en temps qu’observateur (et j’imagine en tant qu’actionnaire ou haut placé dans la société)


Après avoir été, des années durant, farouchement contre le commerce en ligne, entre autres raisons parce que j’avais à coeur de protéger les petits commerces, j’y suis venue timidement il y a quelques années (en fait ça coincide avec mon installation en GB, comme quoi la culture dans laquelle on baigne -je crois vraiment que ce mode d’achat est plus ancré dans les moeurs dans les pays anglosaxons- vous influence), et maintenant je dois avouer que je suis une adepte totale du commerce en ligne, pour la raison principale que lorsqu’on va chez les petits commerçants, on ne trouve pas ce qu’on cherche. 
Vous commandez un bouquin chez le libraire principal de votre ville, le livre n’arrive jamais (expérience vécue). De guerre lasse, vous le commandez en ligne, et là oh miracle, il arrive direct chez vous en quelques jours. Quand on vit dans une petite ville où on est loin d’un grand centre urbain et de ses facilités, des plateformes comme Amazon, ça vous change la vie. 
Du coup j’achète maintenant sur Amazon, et j’avoue que je le fais d’une façon très égoiste vu que lorsque j’achète sur cette plateforme, je ne me pose pas la question, à chaque fois, et même jamais en fait, de savoir si je contribue à l’esclavage ou non d’un employé. C’est pas très cool comme attitude, je sais, mais si je trouvais ce que je cherchais sans être obligée de prendre le train pour aller à Londres (je n’ai jamais été jusqu’à faire ça) ou, s’il s’agit d’un livre en français, d’attendre d’aller à Paris pour me le procurer, je n’achèterais pas sur Internet.
 

Je n’ai jamais travaillé chez Amazon, donc je ne peux pas en parler en connaissance de cause, mais j’ai entendu dire plusieurs fois (à moins que les media aiment exagérer pour faire parler les bavards) que les conditions de travail ne sont pas formidables, pour dire les choses gentiment, et la paye non plus. Cependant, un travail chez eux, même temporaire, peut permettre à quelqu’un de garder la tête hors de l’eau le temps de trouver autre chose, d’ailleurs je crois qu’il y a pas mal de « turnover » dans cette boîte, si j’ai bien compris. 
De plus, il vaut mieux mettre dans son CV « employé chez Amazon » que « au chômage depuis trois ans ». Au moins, on a acquis de l’expérience, et pour cette raison également, ce genre de jobs, apparemment dur physiquement, est très intéressant à prendre pour des jeunes qui démarrent dans la vie, et qui ont besoin de se lancer (il faut bien commencer par quelque chose après tout, moi mon premier job, ça a été serveuse de cafétéria, pas le job de rêve non plus vous en conviendrez). Ce n’est donc pas le job dont chacun rêve dans sa vie, surtout si les conditions de travail sont dures et la paye très basse (et dans ma cafétéria, c’était vraiment, vraiment dur, je peux vous dire...), mais si on compare ça avec être au chômage, au chômage on « touche » encore moins, les allocations sont dégressives donc on risque au bout d’un moment de se retrouver vraiment dans la m... et en plus, quand on est au chômage, on n’a aucune nouvelle expérience professionnelle à valoriser.

Ce qu’il faudrait, et là je ne sais pas si ça se fait ou pas, c’est qu’Amazon propose de véritables plans de carrière aux gens qu’ils embauchent. Que les gens puissent gravir les échelons avec le temps. Si les gens commencent comme « esclaves » (un mot un peu fort tout de même, quand on sait que par définition un esclave n’est pas payé) et qu’ils n’ont aucune opportunité de monter en grade après quelques années, même sans aucun diplôme, juste grâce à leur expérience, là effectivement il y a un problème. 

Ce qu’il faudrait aussi, c’est que des boîtes comme Amazon offrent des formations rémunérées à leurs employés, pour leur permettre de gravir ces échelons. Après tout, ils ont les moyens. 

Bref, s’ils embauchent quelqu’un pour être « esclave » et que la personne n’a pas d’autre choix que de rester esclave des années, voire toute sa vie, ou alors quitter son emploi, il y a un vrai problème.

Un autre vrai problème, ce sont ces loyers exhorbitants qui ne permettent même pas aux gens de vivre non loin de leur lieu de travail. 


Juger une énorme boîte comme Amazon en tant qu’observateur, ça dépend finalement de vos opinions politiques. Si elles sont très à gauche, je suppose que vous allez juste voir le côté « capitaliste » et « exploiteur » sans voir le fait que ces grosses boîtes embauchent à tour de bras, partout dans le monde et que finalement ils donnent leur première chance à des jeunes, ou en effet permettent à des gens sans aucune qualification de pouvoir, eux aussi, travailler, au lieu d’être laissés sur le bord de la route. Si vous êtes très à droite, je suppose que vous verrez peu le fait que la dimension sociale est totalement (?) inexistante dans ces boîtes qui, de plus, imposent (ha ha ha la bonne blague, utiliser ce mot pour décrire une boîte qui paye si peu d’impôts) leur loi à coup de pression politique et économique.

Actionnaire, je sais pas, je n’ai d’actions ni chez Amazon, ni nulle part ailleurs, mais ça doit être cool de recevoir de l’argent tous les mois sans avoir rien à faire pour ça, ha ha ha !! 

Le véritable problème, c’est qu’on n’est plus aux temps du plein emploi, malheureusement, et ça peu de gens veulent l’entendre et l’admettre. Le temps où on entrait en CDI dans une boîte, on gravissait les échelons, et on en sortait à la retraite, ce temps là est révolu. C’est catastrophique, mais c’est la réalité d’aujourd’hui. 
Du coup, beaucoup de gens préfèrent attendre LE job idéal (CDI, proche du domicile tant qu’à faire, bonne paye...), quite à rester au chômage, plutôt que d’accepter des jobs sous payés et durs, ok, mais toujours mieux payés qu’être au chômage (et risquer en plus, à terme, de s’enfoncer dans la misère) avec aucune expérience acquise au bout du compte.


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