finael finael 27 juin 2018 12:36

Souvent je m’amuse à raconter cette anecdote en prenant mon air suffisant :


« Ouii, moa mossieur (ou madame) j’ai payé un pot à Jacques Brel » !

Ca c’est passé comme ça : 

Un soir de l’été 70 je travaillais comme aide-mécanicien sur le petit aéro-club d’Amboise Dierre pour me payer des heures de vol. La nuit n’était pas encore tombée mais le soleil était couché et ne restaient sur le terrain que M. Fillot, le chef pilote, M. Frelon le mécano, sa femme qui tenait le « bar » et moi.

Nous vîmes un « Gardan Horizon » brun se poser et M. Frelon me dit-« Ouh là là, il va se faire eng... celui-là ». Arrivé sur le parking on vit descendre un grand gars, très maigre avec des cheveux jusqu’à la ceinture qui se dirigea vers le bar.

Et puis tout à coup Mme. Frelon arriva en courant tout en criant -« C’est Jacques Brel ! c’est Jacques Brel ! ».

On s’est précipité vers le bar et effectivement c’était lui, très maigre et donc les cheveux très longs : c’était l’époque où il jouait « l’homme de la Mancha ».
Il s’était posé car la nuit tombait et à l’époque il n’avait pas encore sa qualification de Vol aux Instruments (IFR). Il était bien em...bêté car il devait rejoindre Tours.

J’étais en vélo et le seul « véhicule » disponible était « la 2CV de piste » qui servait à tirer les avions : un chassis, un moteur et 4 roues avec un tabouret fixé au plancher comme siège conducteur.

Pendant que les adultes discutaient gravement je l’assaillais de questions idiotes comme celles qu’un jeune pose à une grande vedette et il me répondait calmement et gentiment. Mais une de ses réponses est restée gravée dans mémoire :

- « Pourquoi avez vous arrêté de chanter ? »
- « Parce que j’ai dit tout ce que j’avais à dire, maintenant je ne pourrais plus que »faire du Brel« .

Et puis il y eut la »tournée générale« . La coutume au club c’est que c’était chacun son tour de la payer. C’était mon tour !

Il y avait du coca-cola, des sirops, des sodas et du »cacolac«  : de petites bouteilles de chocolat au lait.
Et j’ai donc payé un cacolac à Jacques Brel !

Finalement il a pris la 2CV de piste (pas de plaques d’immatriculation, pas de papiers en plus de l’état de la »chose") et moi je suis rentré en vélo.

Le lendemain matin quand j’arrivai au terrain il était déjà reparti.

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