Étirév 13 juillet 2018 18:27

Charlotte Corday d’Armont (1768 - 17 juillet 1793), petite-fille du grand tragique Pierre Corneille, naquit au village de Lignerie près d’Argenton, d’une famille noble, mais ruinée. Son père, gentilhomme de province, vivait dans un petit domaine qui était toute sa fortune et qu’il cultivait lui-même avec cinq enfants. Il avait des goûts littéraires, et partageait l’inquiétude politique de l’époque. Il pressentait une révolution prochaine et la désirait. Il avait écrit des ouvrages contre le despotisme et le droit d’aînesse. Sa seconde fille, Charlotte, était donc à bonne école pour être impressionnée, dès l’enfance, par les grandes injustices sociales.
A 13 ans, le manque de ressources de sa famille l’obligea à entrer dans un monastère de Caen où les filles nobles étaient recueillies. Là, cette enfant de la Nature essaya de devenir religieuse, elle goûta la vie calme du cloître, embellie par les illusions de la jeunesse, mais les dogmes religieux la captivèrent moins que les dogmes nouveaux de la philosophie qui pénétraient partout et franchissaient les murs des cloîtres ; elle voyait dans les idées nouvelles le triomphe de la raison, et la liberté reconquise. La vie, du reste, n’était pas austère dans cette abbaye de femmes nobles, qui recevaient leurs amis comme les femmes du monde.
Au moment de la suppression des monastères, Charlotte avait 19 ans. Elle fut recueillie alors par une vieille tante, Mme de Bretteville, qui habitait un vieux manoir à Caen. Cette tante, quoique appartenant à l’ancienne aristocratie, laissait à sa nièce toute liberté de donner à son esprit telle direction qu’elle voulait. Séduite elle-même par les idées nouvelles, elle les aurait plutôt partagées que combattues. Charlotte vécut près d’elle, dans cette solitude de la vie de province où les distractions sont rares. Sa gaîté douce rayonnait sur la vieille maison de sa tante qu’elle animait de son exubérante vie. La nature de son esprit la portait vers les choses sérieuses, elle connaissait les opinions, les journaux, les livres de son temps, elle dévorait les ouvrages de philosophie, les livres d’histoire. Jean-Jacques Rousseau l’avait passionnée, et, comme Mme Roland, elle lisait Plutarque. Les idées de liberté et de justice qui remplissaient son esprit n’y laissaient pas de place pour le roman.
C’était le temps où les Girondins luttaient avec un courage et une éloquence que toutes les femmes sérieuses admiraient. Ces députés proscrits et fugitifs vinrent se réfugier à Caen, y faisant une active propagande contre les crimes de Marat, qu’ils vouaient à l’exécration, et dont le nom faisait horreur. La province, qui n’a pas les engouements de Paris, s’indignait de voir cet homme, la lie et la lèpre du peuple, triompher des lois par la sédition, jouir de l’impunité, et, porté par les faubourgs à la tribune, prendre la dictature de l’anarchie, de la spoliation, de l’assassinat, menaçant la propriété, la liberté, la vie de tous pour satisfaire ses instincts de cruelle et abjecte tyrannie.
C’est la haine et la terreur qu’inspirait Marat, qui causait l’enthousiasme que l’on manifestait aux Girondins et l’espérance que l’on nourrissait de les voir triompher.
Charlotte Corday partagea cet enthousiasme, et crut qu’avec eux périrait la liberté en France ; elle fut effrayée de l’avenir qui se préparait si les crimes projetés par Marat se consommaient, Marat, l’homme dont l’ardeur vindicative et sanguinaire était la clef de voûte du drame infâme qui souillait la Révolution.
Elle fut hantée par l’idée de jouer un rôle actif dans ce drame, de hâter les dénouements, de sauver la France que les démagogues allaient perdre.
[...]
Elle fut défendue par le jeune Chauveau-Lagarde, homme d’un grand courage.
Quand le président lui demanda : « Qui vous a inspiré tant de haine pour Marat ? » elle répondit : ...
[...]
La charrette s’arrêta. Charlotte monta d’un pas ferme les marches de l’échafaud et mit elle-même sa belle tête sous le couteau. Sa tête roula et rebondit. Un des valets du bourreau, nommé Legros, prit d’une main la tête et de l’autre la souffleta, croyant flatter le peuple dans sa haine. Il se trompait, il y eut un murmure d’indignation et d’horreur.
[...]
La Révolution Française c’est la Résurrection de la Femme


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