Nicolas Kirkitadze Nicolas Kirkitadze 14 septembre 2018 14:43

Bonjour cher Pierre


Je tiens à vous remercier sincèrement pour votre commentaire et votre objectivité. Mais, je ne mérite pas plus d’éloges pour cet article que je méritais de reproches pour l’article ayant trait à Médine. Dans les deux cas, je n’ai fait qu’agir selon ce que je considère juste et moral. Bien sûr, je ne mets pas au même niveau la mort d’un homme pour ses idées et l’annulation d’un concert de rap. Mais les deux articles (sur Audin et sur Médine) sont écrits dans le même esprit de lutte contre l’injustice et l’arbitraire.

Comme vous le savez sans doute, je ne suis ni communiste ni musulman. Je suis un libéral voltairien et païen. Ce n’est donc pas par accointance idéologique que j’ai défendu la mémoire de Maurice Audin, et ce n’est pas par accointance idéologique que j’ai défendu Médine.En tant que libéral, je suis attaché à une totale liberté d’expression et je suis contre l’Etat (synonyme d’arbitraire et d’oppression). Défendre la liberté du rappeur Médine est pour moi non pas un geste idéologique ou religieux, mais un geste citoyen : Noam Chomsky, Juif et anarcho-socialiste, n’a-t-il pas défendu la liberté d’expression pour les négationnistes d’extrême-droite ? Cela ne fait pas de lui un fasciste ou un antisémite, mais un authentique voltairien. Bernanos, chrétien et conservateur, a défendu les Républicains espagnols. Je n’aurai pas l’outrecuidance de me comparer à ces grands hommes, mais je souhaite m’en inspirer dans mon raisonnement intellectuel : je ne pense pas comme Médine, je ne pense pas comme Audin, mais je suis prêt à prendre la plume pour leur rendre justice.

Pour cet article, je n’ai pas vraiment de mérite : j’ai simplement lu une quinzaine d’articles de presse sur la biographie de Maurice Audin et j’en ai repris les grandes lignes. C’était important pour moi de faire connaître aux lecteurs d’Avox le parcours de cet homme qui, quoi que l’on pense de ses idées, est mort au nom de ce en quoi il croyait. Si le sort tragique du jeune Maurice Audin me semble admirable, le dévouement de sa veuve me marque tout autant : Vous rendez-vous compte ? Cette dame a combattu durant 61 ans pour que justice soit faite à l’homme qu’elle aimait. Une telle fidélité est d’autant plus remarquable que dans l’esprit de la droite, la gauche est assimilée à une bande de jouisseurs ataviques. Or, moi qui ai bien connu le milieu de la droite, je peux vous dire que peu de femmes nationalistes et catholiques auraient fait preuve d’un tel dévouement. En en tant qu’apprenti historien, je voulais aussi que la vérité soit reconnue. Je suis patriote et j’aime la France : mais nier les crimes commis par notre pays, ce serait de la malhonnêteté intellectuelle. Lucien de Samosate (un rhéteur grec du Ier siècle disait : « un historien doit être sans roi, sans dieux, sans patrie : seule la vérité doit lui importer ». Or, la vérité est que l’armée française (de l’aveu même de plusieurs officiers dont aussaresses) a tué illégalement Maurice Audin. Dès lors, qu’on soit de droite ou de gauche, patriote ou internationaliste, libéral ou communiste, il faut rendre justice à cet homme et mettre de côté nos tropismes idéologiques.

Quant à Médine, je comprends parfaitement que des personnes soient choquées par son concert au Bataclan, c’est d’autant plus compréhensible pour celles et ceux qui ont perdu des êtres chers ce soir fatidique du 13 novembre 2015. Mais, en fait, Médine n’a rien d’un islamiste. Dans mon article qui lui était dédié, j’ai explicité certains de ses termes. Sans vouloir me vanter, j’ai des connaissances en culture islamique et je connais le sens exact de mots comme « jihad » ou « martyr » : des sens différents de ceux qu’on leur donne en Occident. Le jihad dont parlait le rappeur est un « jihad intérieur » (combat de tout croyant contre les vices et la tentation). Le sens de ce mot a été dévoyé par les islamistes. J’aimerais que vous écoutiez cette chanson de Médine dont je mets le lien ci-dessous : ça s’appelle « Alger pleure ». Cette chanson, qui touche justement à la Guerre d’Algérie, n’a rien de haineux ou d’islamiste, c’est au contraire une ode à la paix et le regret que cette fraternité ait été brisée.
 

Cordialement

Nicolas Kirkitadze

Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe