Fanny 19 décembre 2018 06:49

@Pierre

On mélange tout, le bel canto, le patriotisme, le politique, la guerre, le sentimentalisme, la chanson de variété.

Je respecte toutes ces émotions patriotiques et autres … Mais une chanson de variété réussie, j’ai compris que la variété était le sujet du fil, ça n’a rien à voir ou pas grand-chose à mon avis avec tout ça.

Une chanson réussie, c’est « Le poinçonneur des Lilas ». Le rythme, la musique, les paroles (l’acoustique, même si l’on ne comprend pas la langue), le timbre de la voix de l’interprète forment un ensemble parfait, magique.

J’ai cité Amy Winehouse comme grande artiste de variété. C’est pas que je comprends toutes les paroles de ce qu’elle chante, mais ses inflexions de voix, la précision de son chant, les expressions de son visage, le rythme et la musique forment quelque chose de magique. Je n’ai pas perçu de magie chez Zara, qui pourrait s’aligner à l’Eurovision. A chacun son goût et sa sensibilité. 

Les sentiments et l’art, même mineur comme la variété, ça ne fait pas forcément bon ménage. Guernica de Picasso, c’est pas forcément des avions qui bombardent une ville, on peut y voir ce qu’on veut.

Une chanson soviétique célèbre de la 2ème guerre mondiale que vous connaissez à coup sûr, Katioucha, est réussie non pas parce qu’elle évoque la guerre, mais elle est réussie en elle-même. Les gens la chantent dans bien des pays sans forcément connaître le contexte de sa création, ni en comprendre les paroles.

Mais le style soviétique est dans l’ensemble assez lourdingue, lourdeur que l’on retrouve dans la musique du 1er morceau qui fait penser à un bal de province au plus profond de l’URSS, mélange de tristesse, de sirop, de patriotisme. La peinture soviétique est plus originale et réussie que sa musique, plus moderne (sans doute influencée par les peintres russes abstraits de la période révolutionnaire), dans le style « Et l’acier fut trempé » (peinture visant à illustrer ce genre de roman soviétique qu’un copain prof. de Français communiste m’avait vivement recommandé quand on était bidasses et qu’on s’ennuyait, et que je n’ai finalement pas lu).

Et une notation politique pour la fin : le soviétisme était un universalisme qui a fait des choses remarquables (l’alphabétisation, la guerre contre le nazisme) et aussi bien des horreurs (le goulag). En matière de chansons de variétés, c’était assez triste, du sirop. Le mondialisme que nous vivons en ce moment est également un universalisme, qui produit l’Eurovision... Les universalismes ne font pas les bonnes chansons.


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