Gollum Gollum 3 janvier 2019 16:17

@Christian Labrune

Je suis bien d’accord que le Dieu de Spinoza n’a rien à voir avec le Dieu théologique chrétien ou juif.

Le Dieu de Spinoza, c’est le grand tout, l’ensemble de tous les ensembles qui composent l’univers, défini dans la formule célèbre de Spinoza : « Deus sive natura ».

Dit comme cela on pourrait croire que Spinoza rabaisse Dieu en le ramenant au grand Tout et à la Nature. Or c’est exactement l’inverse d’après moi. Spinoza divinise la Nature en l’élevant jusqu’à en faire le corps même de Dieu.

Je ne vois pas du tout en quoi l’Ethique de Spinoza pourrait être qualifiée de « relativiste ».

Ce sont ses conceptions sur le bien et le mal qui sont relativistes.

Je vais citer Wiki : 

La théorie éthique de Spinoza s’oppose frontalement à l’idée que le mal serait le fruit de la faiblesse de l’homme ou d’une « défectuosité de la nature humaine »56, faiblesse qui elle-même serait due au péché originel d’Adam et à la Chute. Contrairement à saint Augustin (La Cité de Dieu, livre XXII), Spinoza ne considère pas qu’il y a deux états de la nature humaine, l’un qui précèderait la Chute et l’autre qui serait post-lapsaire. Selon lui, « il ne dépend en effet pas davantage de nous d’être sains d’esprit que de corps », puisque la liberté ne s’oppose pas au déterminisme, et Adam n’avait, pas plus que nous, le pouvoir de raisonner correctement56. L’idée de « chute » est radicalement étrangère à l’éthique spinoziste.

Sa conception du mal est développée en particulier dans les lettres à Blyenbergh [archive], ou « lettres du mal », qui ont été commentées par Deleuze57. Le mal n’a pas d’existence ontologique véritable : tout comme l’erreur, dont il procède, il n’est rien de « positif ». Il est donc « négation » au regard de Dieu, et ne devient « privation » que par rapport à nous. Il n’y a donc pas d’erreur à proprement parler, il n’y a que des idées incomplètes ou inadéquates.


Plus loin : ainsi, l’insensé qui agit selon les passions est tout aussi « parfait » que le sage qui, lui, agit en conformité avec la raison. On ne peut donc parler de l’imperfection de l’insensé qu’en le comparant avec d’autres réalités, crues supérieures (par exemple le sage). Le mal est donc seulement une privation du point de vue de « notre entendement », mais il n’est rien du point de vue de l’entendement divin58. Par exemple, nous jugeons un homme mauvais, ou affirmons qu’il est privé de quelque chose (de la bonté, de la sagesse…) parce que nous comparons cet homme à un concept général de l’homme, auprès duquel il paraît défaillant :

La dernière phrase illustre ce relativisme. L’homme « mauvais » est jugé mauvais par rapport à une idée à priori de l’homme. Le mal n’a pas d’existence ontologique en soi. D’où le fait que pour Spinoza le mal n’existe pas pour Dieu.

Sinon pour la prétention des démonstrations géométriques de Spinoza j’avoue que ce n’est pas ce qui me fascine le plus chez lui. J’ai d’ailleurs souvent sauté ces fameuses démonstrations pour me focaliser sur les propositions.

Je n’ai d’ailleurs aucune peine à être d’accord avec Spinoza sur l’absence de libre-arbitre de l’homme et n’ai donc nullement besoin d’une démonstration de cette vérité qui pour moi est une évidence. Sur la relativité du bien et du mal idem. Et pour beaucoup d’autres choses aussi.
En fait je pense que l’on est spinozien pour des raisons internes profondes qui ont tout à voir avec le tempérament, la façon d’être et de se positionner par rapport au monde.


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