Gollum Gollum 21 janvier 2019 11:36

@Jean Keim

Non, Jésus ne dit pas la même chose que Krishnamurti. 

Pour une bonne raison, ce n’est pas le même milieu culturel. Eh oui l’Indien est habitué à remettre en cause la pensée cela fait partie quelque peu de son bagage culturel et Krishnamurti n’y échappe pas. Le Bouddhisme s’est fondé quelque peu là-dessus.

Dire que la pensée ne sait pas accéder à ce qu’elle ne sait pas est une erreur factuelle. Il suffit de voir les progrès énormes des sciences où des tas de choses étaient cachées et ne le sont plus.

Ce que les évangiles désignent comme le malin c’est le mental dualiste qui divise. L’Inde fait pareil d’ailleurs. Ce n’est pas la pensée. Bref, ne pas confondre pensée et mental.

Il y a des processus unificateurs dans la psyché. Quand je regarde une chaise vue d’un certain point de vue, puis d’un autre, et encore un autre, mon cerveau est capable d’opérer un processus unificateur de toutes ces images pour en forger le concept unique : chaise. J’aurai beau regarder cette chaise de n’importe quelle façon ces images multiples feront toujours une chaise.

Il s’agit là d’un processus gnostique. C’est-à-dire que la chaise unique s’est révélée à moi après tout un processus en apparence fait d’images multiples. C’est un acte de connaissance.

De la même façon Dieu peut se révéler par des processus divers de connaissances. C’est à cela que servent les paraboles de tous les textes religieux. Quand ils sont authentiques bien sûr. Et en plus compris correctement. Ici je refuse tout démocratisme tel celui véhiculé par la plupart des « chrétiens ».

Pour en revenir à Jésus il remet en cause la logique triviale (aristotélicienne) dualiste. Par ses paraboles. Notamment la phrase : les derniers seront les premiers est analogue à un koan japonais ou à un aphorisme de Lao Zi.

On en déduit qu’il est possible d’avoir une pensée non plus fondée sur la logique dualiste binaire mais sur une logique autre capable de transcender les oppositions. 

Et ainsi d’accéder à l’Un. Ce sont les fameuses clés de la connaissance égarées par les pharisiens.

Cette logique permet d’échapper à toutes les tares de la pensée dualiste. On la retrouve chez Lao Zi, dans certaines phrases du Christ et dans nombre de vues de Nietzsche.. Elle permet notamment d’échapper au moralisme.

Il n’en reste pas moins que cette logique n’est qu’un outil. Il ne garantit pas l’accès automatique à l’Un qui participe plus ou moins (selon les diverses traditions spirituelles) d’une élection pré-natale. (Là je sens que je vais en scandaliser plus d’un). 

Vouloir se passer de cet outil c’est vouloir accéder au sommet d’un arbre en se passant d’échelle : échec assuré.

J’en reviens à Pascal L et à son amour. Il ne se rend même pas compte que cet amour peut-être soumis à l’entropie. Les chrétiens parlent toujours d’amour des autres mais ils oublient pourtant la mise en garde du texte. L’amour des autres vient en second. L’amour de Dieu doit le précéder et en être le socle. Sinon l’amour des autres est impossible. Ou médiocre. Or aimer Dieu cela veut dire faire Un avec lui. Bref, être comme le Christ. Être Christ aussi

C’est cet oubli qui explique le christianisme guimauve et sentimentaliste de notre époque moderne. Bien évidemment devenir Un avec Dieu est impossible. Humainement. Le Christ ne cesse de lie proclamer et pourtant les « chrétiens » ne cessent de l’oublier. 

Le message de Jésus est radical. Aussi radical que celui de Krishnamurti. Et un message radical mal compris et mal vécu dégénère en général en poison mortel.


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