jack mandon jack mandon 21 janvier 2019 18:14

@Gollum

Les mots sont des véhicules mobiles, des contenants aux contenus variables et fugitifs à la mesure des projections que chacun opère. La communication vraie en est profondément altérée. L’imaginaire remplit alors l’espace, dans un concert ininterrompu de duperies.et chacun en sa cécité se retrouve bien seul.

Les aveugles de Charles Baudelaire

Contemple-les, mon âme ; ils sont vraiment affreux !
Pareils aux mannequins ; vaguement ridicules ;
Terribles, singuliers comme les somnambules ;
Dardant on ne sait où leurs globes ténébreux.

Leurs yeux, d’où la divine étincelle est partie,
Comme s’ils regardaient au loin, restent levés
Au ciel ; on ne les voit jamais vers les pavés
Pencher rêveusement leur tête appesantie.

Ils traversent ainsi le noir illimité,
Ce frère du silence éternel. Ô cité !
Pendant qu’autour de nous tu chantes, ris et beugles,

Éprise du plaisir jusqu’à l’atrocité,
Vois ! je me traîne aussi ! mais, plus qu’eux hébété,
Je dis : Que cherchent-ils au Ciel, tous ces aveugles ?

 


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe