In Bruges In Bruges 23 janvier 2019 19:26

J’aime assez ce constat neutre, équilibré et « dépassionné » sur Houellebecq.

Le dernier paragraphe résume tout , ou presque.

Ouais, la décrépitude des gens et des idées, le brio qui fout le camp, parce que c’est pas fait pour durer toute une vie.

Houellebecq lui-même, à mon sens, ne s’attendait pas à « durer », mais plutôt à partir bien vite d’un crabe ou autre cadeau de la vie. C’est pour ça qu’il a « lâché la purée » littéraire au début. Mais il dure. Et il se marie, parce qu’il en a enfin trouvé une qui veut bien. Du coup, il casse plus trop des barres, parce qu’il ne sait plus quoi casser. Et il s’emmerde.

Bon, c’est la vie.

Le parallèle avec Moix n’est pas idiot.

Moix ( n’en déplaise à ceux qui n’ont pas lu ses deux premiers romans, en 1996/1998) était un écrivain brillant. Fulgurant.

Virant parfois à la démonstration, comme un gymnaste qui vous dit « et maintenant , sans les mains. Et maintenant sur un pied. T’as vu ? ».

Et puis il est devenu connu, et puis ( à partir de « partouz »,) il s’est mis à écrire du banal, du moyen, du lourd, du redondant. Le fond de la piscine est venu avec ses prestations télévisuelles alimentaires ( les 3/4 des moins de 40 ans ne le connaissent que par ses prestations TV, ce qui le rend évidement peu flatteur.)

Mais Moix était brillant. Il avouait sa frustration sexuelle. Il se savait laid. Des personnages poignants dans « les cimetières sont des champs de fleurs » ou « jubilations vers le ciel » sont ces puceaux pathétiques, à défaut d’être magnifiques.

Ces redoublant de la branlette et des films X.

Pour ceux qui l’ont connu illustre inconnu vendant ses nouvelles au magazine « Max » ( disparu depuis), on savait que Moix ne s’aimait pas. On savait le poids des frustrations, sublimées par l’écriture.Il cachait rien.

Il allait même jusqu’à théoriser les frustrations sexuelles et le désir contrarié comme moteur des grands évènements (sa théorie sur la frustration sexuelle des saoudiens du commando Mohamed Atta du 11/9 comme source du mal.)

Et puis il est devenu connu, il a pu s’acheter ( au propre comme au figuré) quelques très jeunes femmes.Il s’est apaisé.

Il n’a plus grand chose à dire.

Les jeunes peinent à croire qu’il fut brillant.

Mais il le fut, et la dégénérescence du talent , Houellebecq , Djian ou autres,ça existe et on peut rien faire contre.

Cela ne doit jamais faire oublier qu’ils ont écrit des petits bijoux. Mais qu’ils devraient tisonner ( voire tisaner) devant leur cheminée dans leur baraque du Morvan.


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