Christian Labrune Christian Labrune 30 janvier 2019 14:12

@Eric F

Vous faites l’erreur des gens qui mettent tous les monothéismes dans le même sac et pensent que le judaïsme et le christianisme, par exemple, fonctionnent à peu près de la même façon.
J’entendais il y a peu une interview de la belle-fille d’Emmanuel Lévinas, philosophe elle aussi. On l’interrogeait sur sa relation personnelle au judaïsme. Elle disait qu’elle était « pratiquante » mais qu’elle n’était pas « croyante ». Une telle assertion venant d’un chrétien apparaîtrait comme le comble de l’absurdité : on imagine mal un chrétien devenu athée qui irait à la messe le dimanche ! Mais c’était sur une chaîne israélienne et on ne lui demandait pas même d’expliciter.

Cela me rappelle une blaque juive assez connue : deux étudiants d’une yeshiva se disent qu’il faudrait quand même savoir, une bonne fois pour toutes, si D. existe. Ils passent donc toute une nuit à discuter et, à la fin, tombent d’accord : l’idée qu’il puisse exister un dieu est totalement absurde : la Torah est une belle fable, mais ce n’est qu’une fable.
Le jour se lève. L’un des deux se dispose à dire ses prières. L’autre rigole : qu’est-ce que tu fais ? Tu es complètement idiot : tu viens de convenir que D. n’existe pas, et voilà que tu vas prier ! Réponse de l’autre : je ne vois vraiment pas le rapport.

Si on ne comprend rien à un paradoxe apparemment si énorme, c’est vraiment qu’on n’a pas la moindre idée de ce que peuvent être le judaïsme et la tradition talmudique.

Les rabbins qui ont condamné Spinoza, certes, ne valaient pas mieux que les dominicains s’attaquant à Galilée, mais il y a partout des obscurantistes : on en trouve pas mal aujourd’hui encore, et même en Israël parmi les ultra-orthodoxes.


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