Étirév 26 février 2019 11:48

Toutes les actions des hommes semblent n’avoir qu’un but ; le bonheur.

Qu’est-ce donc que le bonheur ? Quelle en est la base ? Où en est la mesure ?

Les philosophes libertaires, qui s’occupent beaucoup de la question, nous répondent  : « Le bonheur c’est, pour chaque individu, la faculté de satisfaire librement tous ses besoins physiques, intellectuels, moraux. » (Sébastien Fauve)

Or, nous voyons que l’homme, livré à lui-même, c’est-à-dire à l’impulsion de ses instincts, jette l’humanité dans un abîme de douleur. Nous voyons que, non seulement, il fait souffrir les autres, mais qu’il est lui-même victime de sa liberté puisque la première chose qu’il fait c’est d’en abuser.

Et comment en abuse-t-il ?

En se donnant des jouissances matérielles. Ses sens demandent des satisfactions que sa raison réprouve et c’est cependant à ses sens qu’il obéit.

Voyez un homme longtemps réduit à la pauvreté ; que fait-il le jour où, par bonheur, ou par malheur, une somme d’argent vient lui donner le pouvoir de satisfaire ses désirs ?

Il se paie un bon dîner d’abord, puis des femmes ensuite : deux intempérances. Par la première, il gâte son estomac et ruine sa santé ; par la seconde, il vide son cerveau et ruine son intelligence.

Résultat  : La liberté lui a donné un germe de maladie et un germe de folie, sans compter les tourments intermédiaires.

Il résulte de ceci que les hommes les plus riches, ceux qui ont, plus que les autres, les moyens de satisfaire pleinement leurs besoins physiques, intellectuels et moraux, ne sont pas les plus heureux, si, à leurs richesses, ils n’ajoutent pas les vraies conditions du bonheur.

M. Vanderbilt père, qui fut l’un des hommes les plus riches du monde, a avoué, dans une lettre qui a été publiée, les misères de son cœur :

«  Mes dollars m’écrasent, disait-il, je n’en recueille aucun plaisir, je n’en retire aucun bien. En quoi suis-je plus heureux que mon voisin dans une position modeste ? Il goûte les vraies jouissances de la vie ; elles me sont inconnues. Il peut se fier à ceux qui l’entourent ; moi je ne puis me fier à personne. »

Ceci prouve que ce n’est pas ce qu’on a qui fait le bonheur, mais ce qu’on est.

Parmi les définitions qui ont été données du bonheur, il en est une que l’on accepte assez généralement, c’est celle ainsi formulée : Le bonheur c’est la joie d’une conscience pure, c’est la pratique habituelle de la vertu, c’est-à-dire tout le contraire de ce que dit Sébastien Faure, puisque la satisfaction de tous les besoins physiques, qu’il réclame, mène au vice et non à la vertu et empêche les besoins intellectuels d’apparaître ; ils se trouvent supprimés par la satisfaction des besoins physiques, qui annulent la vie intellectuelle.

Victor Hugo, qui comprenait mieux la nature, a dît, plus justement : « Ceux qui vivent ce sont ceux qui luttent.  »


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe