tiers_inclus tiers_inclus 28 mars 2019 11:05

@Laconique

« et effectivement nos chemins ont divergé. Je comprends parfaitement votre position, je l’ai moi-même partagée pendant très longtemps.  »

Hélas on peut dire que vous êtes venu, que vous avez vu (de manière erronée) mais que vous n’avez malheureusement pas vaincu. 
L’amalgame « Bhagavad-Gîtâ, Dhammapada bouddhiste, Lao-tseu et Tchouang-tseu  » ne pouvant produire que confusion, je m’en tiendrai à épingler les vues erronées relevant du Dhammapada bouddhiste, et de ses prolongements via le grand véhicule.

On ne peut parler d’homme naturel, sans avoir défini « naturel », d’autre part la position est plus introspective que contemplative, en tout cas ne peut se résumer à la contemplation car une illusion ne contemple pas une illusion, tout au plus peut on être fasciné par erreur sur sa propre nature et celle du monde décrit comme conventionnel car il résulte de l’interdépendance de phénomènes, de flux sans nature propre dans la vue bouddhiste. 

Ni nihiliste (vous ne faites d’ailleurs pas l’erreur), ni solipsiste car il n’y a pas de « rêveur », c’est toute la difficulté de la compréhension de la vacuité, que je vous engage à approfondir.

Où avez vous vu que l’altérité serait négligée ? Les égos fruits de l’ignorance et producteurs d’attachement et d’aversion sont les bases de la souffrance dont la libération est le but ultime. Se libérer « soi-même » ou libérer « l’autre », en fait deux concepts erronés, la discipline consistant à percevoir cette bévue, sont in fine la même chose, base de la compassion bouddhiste.

Se libérer soi-même est concevable du point de vue bouddhiste, mais insuffisant sans la libération de tous (pas de procès de prosélytisme, merci) et d’ailleurs sujet à rechute. Le concept de boddhisatva le rappelle.
Pour donner une image approximative et simpliste il s’agit de diminuer la température source de l’attachement au monde appelé samsara qui est superposable au nirvana.

Quant à l’opinion de soi, de quoi parle t’on quand il n’y a in fine pas de soi, et que l’un des buts de la pratique est de révéler cette absence. Faire le bien du point de vue bouddhiste n’apporte pas de satisfaction à l’égo nié, c’est simplement résoudre une erreur, diminuer la souffrance du monde, fallacieuse, toujours dans l’optique d’une réduction de la température.

Il n’ y a pas d’atman (âme) pour un bouddhiste, cette erreur étant la conséquence de votre amalgame. 

Vous dites ne pas refuser la réalité, pourriez vous la définir ?
Croyez vous que le bouddhisme ne soit pas concerné par cette « réalité » source de souffrance. C’est pour l’avoir examiné avec attention qu’il en perçoit la vacuité.

La vacuité ne signifie pas rien, le vide, ni même autre chose qui soit concevable par le langage et la pensée calculante habilitée à donner un semblant de sens à cette réalité par ses capacités de prédiction sans jamais savoir de quoi il s’agit sémantiquement.

L’étude du catuskoti l’appréhende, Wittgenstein l’a touché du doigt. Lisez donc Nagarjuna, il vous guidera vers ce concept difficile car il entreprend une démarche folle, mais avec un immense talent, celle de tenter d’utiliser le langage pour toucher la vacuité. 

Votre rapprochement de l’étude scientifique tombe dès lors à l’eau, car la Science ne fait qu’expliquer l’enchaînement des phénomènes, sans connaître leur nature.

Toutefois par la discipline d’examen attentif, elle rejoint le bouddhisme et débouche même sur des conclusions proches de l’intuition bouddhiste pourtant datée. D’où les passerelles entre ces deux disciplines. Voyez pour cela les conventions « Mind and Life » qui réunissent chercheurs et moines.

Tout ceci ne disqualifie pas les vertus de la foi résultant d’un examen attentif du monde, qui prend alors la forme de la création de Dieu.

L’action sous son égide devient alors efficiente, mais elle doit être distinguée de l’action ignorante, pragmatique, dont les conséquences sont alors imprévisibles.

L’enfer peut en effet être pavé de bonnes intentions. Regardez ce qu’ont fait de votre fameuse réalité les fidèles et ce qu’en font encore les fidèles ignorants.


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