Luniterre Luniterre 6 avril 2019 13:54

@ddacoudre

La question « qui paye quoi ? » en termes de revendications sociales permet effectivement d’aller plus loin et de mieux comprendre l’impasse dans laquelle s’est fourvoyé le mouvement GJ, et avant lui, le « syndicalisme » traditionnel, y compris cégétiste.


En effet, le capital n’a pas pour fonction de répondre à des besoins sociaux, mais simplement de s’accumuler en se valorisant financièrement.


La production de biens et de services n’est qu’un des moyens de valorisation, pour le capital, mais pas le seul, depuis la financiarisation de l’économie, spectaculaire depuis ces dernières années, mais dont les racines remontent à la constitution des monopoles au début du 20ème siècle, même s’ils n’ont jamais été tout à fait absolus.


Autrement dit, les moyens financiers de satisfaire les revendications sociales les plus urgentes existent, même avec la « crise », et ils ont toujours existé.


La crise n’est jamais que celle de la valorisation, désormais fictive, du capital. Le capital « fictif » se valorise financièrement davantage en dehors du circuit productif qu’avec lui, même s’il en reste dépendant, paradoxalement.


La valeur « fictive » du capital permet néanmoins au capitaliste financier d’assurer son train de vie en biens et services qui, eux, ont une valeur bien réelle.


Il n’a nul besoin de répondre concrètement aux besoins sociaux du plus grand nombre. Dans la concurrence effrénée que les capitalistes se livrent entre eux, répondre aux besoins sociaux du plus grand nombre est un frein à la rentabilité des capitaux.


En dehors de l’économie financière stricto sensu seuls les besoins solvables les plus rentables les intéressent encore. Ils ne sont pas entre eux en lutte pour un équilibre économique précaire qui répondrait aux besoins de tous, mais simplement pour une rentabilité maximum du capital.


C’est pourquoi exprimer les revendications sociales les plus urgentes, simplement mais carrément et sans détour, cela aboutit à remettre en cause le pouvoir du capital, et c’est pourquoi le mouvement GJ est dans l’impasse et ne peut formuler une plate-forme revendicative répondant réellement aux besoins du plus grand nombre : aucun de ses leaders peu ou prou reconnus ne veut réellement remettre en cause le capitalisme. Il en va de même du syndicalisme, y compris CGT, qui ne veut négocier que dans des limites compatibles avec le pouvoir des monopoles, en fait.


Pour comprendre cela, il faut encore rappeler que leur financement dépend essentiellement des subventions patronales et étatiques, ce qui revient au même, l’État étant depuis très longtemps au service des monopoles.


En France il est évident que la base économique et sociale est encore partagée avec une masse importante de TPE-PME, mais qui dépendent, pour leur financement, des monopoles, à travers les banques qui sont également à leur service.


Il est tout aussi évident que la pression sociale est au maximum sur cette masse de « petites boites » qui représentent 70% du salariat en France, mais que rien ne peut être fait pour les soulager, au delà du seuil de leur survie, sans empiéter sur la rentabilité du grand capital, à travers une nouvelle répartition des charges sociales, et c’est aussi pourquoi ni le mouvement GJ, ni les syndicats ne vont dans ce sens, qui les mettrait face au véritable ennemi de la société : le capitalisme.


C’est aussi pourquoi, au delà de la formulation claire et carrée des revendications sociales les plus immédiates se pose essentiellement la question de la finalité de la production de biens et de services, c’est à dire du travail de tous :


__En fonction de la rentabilité du capital ou en fonction de la réponse aux besoins sociaux immédiats du plus grand nombre ?


C’est, en réalité à travers la question du prix des carburants, la question qui s’est ébauchée le 17 Novembre, et qui a été presque aussitôt mise de côté par tous les intervenants, et dès le 24 Novembre au soir, au « 20h » sur les Champs Elysées !


Luniterre


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