bob de lyon 9 avril 2019 11:18

Daniel Arasse spécialiste de la peinture de la Renaissance italienne est l’auteur d’un livre sur Léonard de Vinci ; dans un ouvrage consacré à la peinture du quattrocento, en quatre pages*étayées — et c’est suffisant – il analyse cette mystérieuse Joconde.

C’est une commande de Francesco del Giocondo, un Florentin fortuné ; il désire un portrait de sa femme exécuté par le plus grand peintre de son temps. Cette jeune femme de vingt-trois ans, aimée, lui a donné deux beaux enfants mâles ; c’est donc un cadeau offert, un acte d’amour ; pourtant le portrait, commandé en 1503, ne sera jamais livré puisque Léonard le gardera pour lui ; il n’avait plus besoin d’argent mais il mettra quand même cinq ans à le terminer.

Arasse se replace dans l’époque. Cette peinture représente une étape dans l’art occidental : c’est le premier sourire** digne de ce nom. Ce sourire s’adresse au mari de Mona Lisa.

Pourquoi ne fut-il jamais livré ? C’est l’arrière-plan et quelques détails dans le portrait qui auraient gêné le commanditaire ; à cette époque une image souriante est incorrecte, ensuite les sourcils et les cheveux, en quelques endroits, paraissent épilés – dans ce siècle seule les femmes de mauvaise vie s’épilent. Ensuite le décor, rien de bucolique, mais une réflexion imagée de la conception de Léonard qu’un tableau est cosa mentale : le décor de l’arrière-plan n’a rien de bucolique ni de poétique, c’est une allégorie du temps qui passe et il donne à penser que le sourire et la beauté sont éphémères, d’où un probable refus.

Quant au regard, l’application d’un léger strabisme convergent fait croire que le tableau vous suit des yeux ; cela fait partie du bagage ‘savoir-faire’ de tout bon portraitiste.

 

*Histoires de peintures – France culture/Denoël.

** Antonello de Messine a produit un Homme qui rit mais il est de profil et c’est un rictus – visible à Cefalũ/Sicile.


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