Christian Labrune Christian Labrune 28 avril 2019 11:10

Si l’on pense « qu’il n’y a aucune espèce de rapport entre les dieux des trois monothéismes », on n’ira pas bien loin dans le dialogue inter-religieux.

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@Bernard Mitjavile
Les trois monothéismes peuvent avoir tort tous les trois, mais ils ne peuvent tous les trois avoir raison puisqu’il n’y aurait qu’UN dieu. Dès lors, un seul des monothéismes peut avoir raison, les deux autres ont tort, et s’il y a un dialogue possible, il ne peut consister qu’à essayer de persuader l’autre, dans son intérêt même, qu’il a tort, et qu’il lui faudrait songer à devenir enfin raisonnable en opérant une conversion. Renoncer à toute tentative de persuader l’autre, ce serait douter de sa propre foi et consentir à adopter le scepticisme des agnostiques, gens de peu de foi. Cela vaut pour les chrétiens et les musulmans, mais pas pour les Juifs qui n’ont jamais prétendu imposer le Dieu d’Israël à d’autres peuples. Tout ce qu’ils demandent, eux, c’est qu’on leur foute la paix. Bizarrement, sinistre ironie de l’histoire, depuis des siècles, c’est surtout eux qui en prennent plein la gueule à cause des deux autres monothéismes.
Dans les cathédrales du moyen-âge, vous trouverez d’innombrables couples de statues représentant côte à côte l’Eglise et la Synagogue. L’Eglise est une belle jeune femme rayonnante, la Synagoggue a les yeux bandés, elle ne voit rien, elle est aveuglée par sa doctrine.
Les Evangélistes américains sont les meilleurs soutiens d’Israël, mais cette attitude, dont Trump et Netanyahou ont su fort heureusement profiter, n’est pas désintéressée et exempte d’arrière-pensées. Ils croient qu’à la fin des temps les Juifs reconnaîtront enfin que Jésus était le Messie. En quoi ils se mettent, par profonde inculture, le doigt dans l’oeil jusqu’au coude.
Les monothéistes gagneraient à examiner ce qui a pu se passer en Extrême-Orient, et au Japon par exemple. Le shintoïsme y est, la plus ancienne des « religions ». Le bouddhisme arrivé avec la culture chinoise, et qui est une « religion » fort différente, ne l’a jamais supplanté. On peut être sans difficulté tout à la fois shintoïste et bouddhiste et on aurait même pu y être aussi catholique si ces derniers, après l’arrivée du François-Xavier au milieu de XVIe siècle n’avaient pas prétendu substituer radicalement leur nouveau dieu au culte des Kamis, du Bouddha, de l’Empereur. Une telle dérive étant politiquement insupportable pour le Japon, le shogun Hideyoshi fera massacrer tout le monde trente ans plus tard ; des missionnaires sont même crucifiés à Nagazaki, et les ports du Japon seront interdits aux Européens à partir de 1614.
Les Jésuites en Chine avaient été un peu plus malins, disant aux Chinois : le christianisme, c’est exactement comme le confucianisme, la vie éternelle en plus. Et ils avaient mis au goût chinois le rituel catholique. Rome finit par s’en émouvoir, mais aussi l’Empereur qui voyait bien que dans la doxa chrétienne, en comparaison de Dieu, il n’était qu’un sous-fifre. La fin de l’histoire fut moins sanglante qu’au Japon, mais pas très glorieuse pour le christianisme. Il y a un très gros volume, dans Garnier-Flammarion, où on peut lire les lettres des Jésuites en Chine. Certains sont des esprits vraiment remarquables, c’est passionnant à lire, mais on voit très clairement aussi ce qu’il y a de désastreux pour les peuples dans les prétentions des religions monothéistes.


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