Christian Labrune Christian Labrune 28 avril 2019 00:23

@Hamed

C’est du Malebranche tout craché que vous me servez là. Malebranche pour qui chaque geste que nous faisons, et même le plus insignifiant, n’est qu’une « prière exaucée ». Si Dieu ne me permettait pas d’empoigner le briquet sur mon bureau, je ne pourrais jamais allumer mon cigare ! Dieu sait pourtant que je ne lui ai jamais rien demandé, tout cela se fait très bien sans lui.

Malebranche est apparemment un héritier de Descartes, mais il s’en faut bien qu’il ait la même liberté et la même audace de pensée. Au fond il n’est guère qu’un cureton de l’Oratoire poussant jusqu’à l’absurde, un peu comme Leibniz, son cadet de huit ans, des raisonnements qui sont bien caractéristiques des difficultés aporétique auxquelles se trouvait confrontée la pensée chrétienne de son temps.

J’entends par là que vous pouvez bien appliquer la logique la plus formelle, celle qui nous vient des sciences, et qui commençait alors à être très à la mode, aux concepts hérités de la théologie, comme ceux-ci n’ont aucun fondement rationnel, c’est bâtir sur du sable, et il y a longtemps que la critique philosophique a relégué tout cela dans le magasin des idées saugrenues, pour ne pas dire délirantes. 

C’est quand même curieux qu’au XXIe siècle vous nous produisiez aussi régulièrement des conceptions qui sont historiquement très datées et correspondent à peu près au règne de Louis XIX.

Pour qui connaît un peu l’histoire des idées, ces sortes de conceptions sont aussi saugrenues que peuvent l’être pour un spécialiste de l’histoire des sciences les machines -souvent fort complexes !-qu’on a essayé de réaliser, jusqu’au XIXe siècle, dans une totale ignorance du premier principe de la thermodynamique, pour obtenir le mouvement perpétuel.

Le mot « Dieu » n’a aucun sens, ne renvoie à rien de connu dans le monde réel, et dans le monde des concepts, il est ce qu’en font les théologiens qui, tout en n’en disant pas la même chose d’une religion à l’autre, reconnaissent quand même, dans leurs meilleurs jours, qu’il est inconnaissable. Construire quelque chose sur de l’inconnaissable, ça ne risque guère de tenir debout.

A la limite, si vous définissiez dieu, à la manière d’Aristote, comme le « premier moteur immobile », ça ne me dérangerait pas trop, mais à quoi cela peut-il mener ? A rien du tout. C’est donc parler pour ne rien dire.

Moi, je vous parlais de ce qui se passe en Algérie, qui va nécessairement mener à quelque chose de tangible, dans ce monde même, et qui ne pourra être historiquement positif que si Dieu reste à sa place, c’est-à-dire nulle part. Si les islamistes profitant de la confusion qui ne va pas tarder à succéder aux belles et tranquilles manifs essaient encore une fois de ramener leur dieu sur le devant de la scène, ce sera encore une fois foutu pour l’Algérie, et pour très longtemps.


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