Christian Labrune Christian Labrune 13 mai 2019 03:28

@Jonas
Votre dernier exemple : la « Fontaine » de Marcel Duchamp, m’apparaît comme le sommet indépassable de l’art occidental. La preuve, c’est que depuis 1917, cette oeuvre sublime, d’une beauté céleste et renversante, constamment imitée, n’a jamais pu être dépassée. Les « merdes d’artistes » de Manzoni m’apparaissent comme une fâcheuse régression, et Cloaca, la machine à faire du caca inventée par Wim Delvoye, malgré le talent exceptionnel de cet immense artiste, il faut bien le reconnaître, ne vaut guère mieux. Ils auront essayé, c’est l’essentiel, mais il faudra nécessairement, toujours, revenir à Marcel.
Pourquoi ?
Parce que Marcel Duchamp -et c’est en cela qu’il est divin s’est seulement contenté du geste de retourner, de subvertir l’urinoir. Quelle sublime économie de moyens ! Il me suffit d’y penser pour que j’aie tout de suite envie de pleurer.
Pas de boîtes en fer blanc à sertir, qui fuiraient nécessairement après quelques années. Pas de plan compliqué, de recours à des mises en oeuvre techniques et quasi industrielles : l’idée pure, le ciel platonicien des essence révélé par le geste d’un démiurge, créateur d’un monde nouveau.
Au terme de l’histoire de l’art, tout en haut d’une somme d’efforts collectifs pour toucher enfin la beauté idéale, il ne pouvait y avoir rien d’autre qu’un urinoir. Les Vinci, les Donatello, les Poussin, les Watteau, les Chardin et les Boucher, misérables tâcherons, n’avaient pas même été capables de l’entrevoir.


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