Forest Ent Forest Ent 4 avril 2007 12:42

Je remercie beaucoup l’auteur de ses citations favorables.

J’attire néanmoins l’attention sur un point : cette « famiglia » ou « nomenklatura » n’est pas nationale. Comme ce point me semble important, je vais le développer ici même.

Cette opinion ne relève pas d’une quelconque « théorie de la conspiration » ou « crypto-communiste ». Elle relève de l’observation factuelle du fonctionnement de l’économie, qui est bien sûr toujours améliorable. (Je concède à DW qu’elle soit « crypto-chrétienne »)

L’article dit que la « famiglia » possède le CAC40. Selon la Banque de France, celui-ci est aujourd’hui majoritairement détenu dans sa partie flottante par des non-résidents.

Bouygues SA n’appartient qu’en petite minorité à Martin Bouygues. Et même si Bernard Arnault est majoritaire dans LVMH, c’est à travers une cascade de participations à 51%, ce qui fait qu’il ne possède finalement qu’une minorité du capital. Enfin, ces deux sociétés font l’essentiel de leur CA à l’étranger, et sont peu sensibles à la conjoncture française.

Finalement, à qui tout cela appartient-il ? A des banques, des assurances, des fonds de pension, et récemment des hedge funds. C’est à dire finalement à vous, à travers vos dépôts et provisions de retraite et sinistres.

Quand on regarde l’état des entreprises françaises, on constate que les grosses boîtes internationales vont très bien, et les PME locales pas très bien. Mais ce qui se porte le mieux, ce sont les banques et assurances, et entreprises pétrolières. Et ce sont toutes des entreprises mondialisées.

Il existe bien une oligarchie, une « famiglia », mais elle n’est pas française, elle est mondialisée. Elle n’est pas structurée en société secrète : elle est connue et publique. Elle a un rite initiatique, le MBA à Warton ou Boston, un temple : l’OCDE, une liturgie, etc ... Et elle travaille dans le seul et unique intérêt des entreprises mondialisées, surtout financières.

Je me suis mal exprimé dans l’article sur la crise argentine en parlant de « corruption des élites ». La corruption au sens légal n’est pas nécessairement l’essentiel du problème. L’essentiel, c’est que ces « élites » sont déconnectées des intérêts nationaux : Bernard Arnault ne se sent aucune responsabilité particulière vis à vis des salariés français, et les critiquera à l’occasion pour leur manque de « flexibilité ». La « crise argentine », c’est d’abord le fait que les gouvernants croient plus l’OCDE que leurs électeurs, et c’est ce que l’on a constaté en grandeur nature avec le TCE.

J’ai dit ci-dessus que le centre du pouvoir est dans les établissements financiers. C’est une « élite » autoproclamée, dont l’apport reste à démontrer. Il est possible que l’organe utile qu’a été l’ingénierie financière soit devenu cancéreux. Les scientifiques, techniciens, ingénieurs et chercheurs, ne font plus partie du cercle. Nous avons vu dans les dix dernières années les MBA finance prendre le pouvoir dans nos entreprises, et c’est sans doute pour cela que nous sommes quelques uns à nous retrouver ici à faire le point.

Le point-clé du pouvoir des établissements financiers est leur capacité à créer de la monnaie, avec très peu de limites. Tout le monde tape ici sur la dette de l’état français, mais elle est négligeable par rapport à la dette des ménages et entreprises US. Or cette dernière a été créée en s’appuyant uniquement sur une réévaluation permanente de la valeur des actifs, ce que l’on appelle habituellement une « bulle ». La « famiglia » fera tout pour ne pas en payer elle-même les conséquences.

Comme d’habitude en économie, les fausses valeurs chassent les vraies, et la mauvaise monnaie a chassé la bonne.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe