Nicole Cheverney Nicole Cheverney 9 juillet 2019 15:02

@ Loatse

va t’on demain, sous couvert de compassion bien entendu, abréger la vie des handicapés, des alzeimer, des vieillards séniles, VOTRE vie parceque vous serez considéré comme un poids par la société ?)

Bonjour,

Ce que vous dîtes est très juste et il y a tout lieu de craindre que l’Affaire Lambert soit le préalable dans l’avenir de toute une série de prises de décisions juridiques et médicales — les deux liées — pour régler une bonne fois pour toutes le problème du handicap, des personnes atteintes de Alzheimer, âgées, le suicide assisté considéré comme une probable solution, etc., lorsque les mentalités seront suffisamment bien façonnées, manipulées, enfin prêtes pour cette société-là qui n’est peut-être pas si loin de nous, même si nous en rejetons tous les jours un peu plus les limites dans le temps.

N’oublions pas que nous avons affaire en Occident à une société largement tournée vers l’eugénisme. Cela est encore diffus en France, mais s’installe petit à petit, et de plus en plus. Et tout est fait pour l’accepter. Ce n’est pas la personne de Vincent Lambert qui intéresse la presse, une certaine frange du monde médical, certaines associations. De lui, ils s’en contre-fichent, non ! C’est le projet fortement ancré dans les mentalités des eugénistes qui doit voir le jour à plus ou moins long terme. Et pour eux, le plus court sera le mieux.

Car il faut s’interroger sur cet empressement médiatique pour cette affaire, sur la façon de présenter le dossier Lambert, sur le parti-pris et les jugements émis sur la mère, sur le parti-pris sur les autres membres de la famille, sur les interventions de certains politiciens, et, notamment les promoteurs de la loi Leonetti lorsque ceux-ci devaient respecter un minimum de devoir de réserve. Même les artistes mettent leur grain de sel, et bien sûr, toujours dans le sens de la morale publique, l’intérêt de la société, etc. Effectivement, quel est l’intérêt à long terme de toute cette propagande, de tout ce battage ? Il n’est pas difficile à deviner.

Il y a tout lieu de s’interroger sur le fait de présenter la mère d’une manière partiale, auprès de l’opinion publique comme une « bigote ou grenouille de bénitier » et qui selon la presse— ne serait motivée que par l’aspect religieux et manipulée par une cohorte d’intégristes. Je voudrais seulement rajouter que personne, en dressant de cette mère un portrait aussi réducteur, ne songe à se mettre un peu à sa place  ? Il s’agit de son fils !

La presse dans son ensemble se permet de porter un jugement quasi vindicatif sur elle, et dans toute cette triste affaire, oui, l’homme Vincent Lambert a été oublié complètement, il n’est plus que l’otage de deux visions antagonistes. Celle maternelle empreinte de spiritualité, de renoncement, de souffrance chaque jour renouvelée, car perdre son fils est une chose horrible à vivre et tout autant le voir mourir à petit feu depuis des années, alors pour une fois, penchons nous un peu sur les affres de cette mère au lieu de la condamner sous le bull dozer médiatique et du monde médical qui est loin d’être si éthique qu’il veut bien le proclamer avec une telle solennité hypocrite et ses jugements à l’emporte-pièce qui sont loin d’être neutres.

D’autre part, tout faire pour laisser en vie de surcroît un fils tétraplégique  

est un acte d’amour que d’aucun jugeront insensé, en reprenant bien sûr les antiennes médiatiques qui donnent d’un acte finalement d’amour éperdu et désespéré, celle d’ un acte complètement hors-norme, alors que oui, il est normal que ses parents se battent pour qu’on le laisse en vie.

Et je dis cela avec autant plus de liberté que m’occupant de ma mère, très âgée, alzheimer, grabataire, souffrant de multiples conséquences de son handicap, des personnes de mon entourage me font tous les jours comprendre que ce n’est pas tenable ni pour elle, ni pour moi et les miens qui nous en occupons. Et ce sont les mêmes qui réclament la fin des soins pour Vincent Lambert, faisant un parallèle détonnant entre les deux situations. Et ces mêmes personnes apparemment pleines de bonnes intentions mais largement influencées par la presse télévisuelle et le reste, réclament pour les personnes grabataires et très âgées, la solution qui leur semblerait la plus conforme à notre société moderne : l’euthanasie. Ils sont pour, très hypocritement aussi, sans se préoccuper que l’handicapé, quel que soit son état a peut-être lui aussi envie de vivre, et n’a besoin que de l’expression de la tendresse infinie de son entourage. Quant à prétendre qu’un handicapé cela coûte cher à la Sécu, c’est du même tonneau que le reste, nous nageons dans l’hypocrisie la plus rance.

En fait, tout ce petit monde qui s’agite autour de la question du handicap, ne cacherait-il pas au fond de lui-même la sale mentalité des eugénistes prêts à tout pour une société malthusienne, une société bien propre, bien nette, sans bavures, sans laideur physique, sans anormalité, etc. ?

Alors réfléchissons bien à ce qu’ouvrir sa bouche actuellement en criant plus fort que les autres, harro sur madame Lambert, ne cache pas en réalité de bien plus sordides préoccupations que le bien-être d’un Vincent Lambert ?

Car aujourd’hui V. Lambert, demain les autres. Et ne croyez pas, de la tétraplégie à la maladie d’Alzheimer, le processus d’acceptation de l’inimaginable procédera des mêmes méthodes d’acceptation passives et massives de la population, et un jour, on trouvera tout à fait normal d’arrêter les soins à une personnes alités souffrant de handicap, âgée ou pas. Nous en sommes là.

Cette société là nous n’en voulons pas. Nous nous battrons pour qu’elle ne voit jamais le jour !


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