Emmanuel Cattier 12 juillet 2019 22:44

Filip Reyntjens a rédigé la constitution du régime ethniciste dirigé contre les Tutsi. Il défend ses protégés, même si leurs successeurs ont commis le génocide des Tutsi. Cet universitaire belge est d’une partialité notoire dans cette affaire.

 

Pour le reste, comment peut-on mettre en balance le génocide des Tutsi, fait majeur, et d’éventuels crimes politiques dont les auteurs ne sont pour la plupart du temps pas connu, souvent hypothétiques, voire désignés par des personnes qui ont des comptes à régler ?

 

Cet article poursuit la même stratégie que celle de tous ceux qui défendent mordicus la position des autorités françaises de l’époque : essayer de prouver que le FPR et son chef seraient plus criminels que les génocidaires que la France a soutenus, avant, pendant et après le génocide.

 

Ils s’imaginent que cela pourrait "retourner l’opinion". Ils s’imaginent que cela pourrait les disculper dans l’opinion de toute complicité dans le génocide des Tutsi. Ils continuent dans leur aveuglement et restent aveugles. Ils ont peur car la complicité dans le génocide des Tutsi devrait tomber sous le coup de la loi de façon imprescriptible, selon la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide adoptée par l’Assemblée des nations unies en décembre 1948.

 

Jusqu’où alla la complicité de la France dans le génocide des Tutsi ? Lisez ce compte-rendu de l’audition du général Varret, chef de la mission militaire de coopération au ministère de la défense, par les députés français en 1998 :

 « …Le Général Jean Varret a souligné que l’ambassadeur souhaitait une redéfinition de la coopération militaire, notamment à l’égard de la gendarmerie rwandaise, qui se comportait en véritable armée, et la transformation de la garde présidentielle en garde républicaine, mais il a jugé que l’objectif souhaité par l’ambassadeur, d’en faire une gendarmerie à la française, n’avait pas été atteint. Il a rappelé qu’à la suite de divers attentats, la gendarmerie rwandaise avait demandé, avec l’appui de l’ambassadeur, une formation d’officier de police judiciaire (OPJ), afin de pouvoir mener efficacement des enquêtes intérieures. Il a précisé qu’il n’avait envoyé que deux gendarmes car il s’était vite rendu compte que ces enquêtes consistaient à pourchasser les Tutsis, ceux que le Colonel Rwagafilita appelait “ la cinquième colonne ”. Cette action de formation a donc échoué. M. Bernard Cazeneuve s’est demandé s’il fallait comprendre que le souhait du Gouvernement rwandais de former des officiers de police judiciaire était en fait motivé par le désir de ficher les Tutsis. Le Général Jean Varret a confirmé que c’était effectivement son sentiment et qu’il avait tout fait pour freiner cette coopération avec la gendarmerie rwandaise, qui est demeurée superficielle. »

 

En réalité le général Varret aurait voulu que cette coopération reste superficielle, mais il fut désavoué par l’état-major français, comme il le dit dans cette audition et comme il le confirmera dans son livre en 2018.

Des Français ont donc contribué à "ficher des Tutsi". C’est avéré et confirmer par des documents connus.

En 1992, une équipe de cinq officiers de police judiciaire français a aidé le gouvernement qui préparait le génocide à réorganiser le « fichier central » rwandais, c’est le terme rwandais qui désignait le fichier et le bâtiment où il se trouvait. Notamment des documents non contestés attestent qu’ils ont informatisé le fichier PRAS, fichier des personnes à rechercher et à surveiller. Tous ceux qui ont connus le Rwanda à cette époque savent que ces personnes étaient des Tutsi, considérés comme des ennemis de l’intérieur, complices du FPR de l« extérieur », formé de Tutsi exilés sous la violence.

En 1992 également « la définition de l’ennemi », diffusée par l’armée rwandaise, déclarait que " L’ennemi principal est le Tutsi de l’intérieur ou de l’extérieur extrémiste et nostalgique du pouvoir, qui n’a jamais reconnu et ne reconnaît pas encore les réalités de la Révolution Sociale de 1959, et qui veut conquérir le pouvoir au Rwanda par tous les moyens, y compris les armes. Le partisan de l’ENI est toute personne qui apporte tout concours à l’ennemi principal. ".

D’ailleurs il est avéré que dès octobre 1990 dix-mille Tutsi de l’intérieur furent emprisonnés par la gendarmerie rwandaise, simplement parce qu’ils étaient Tutsi. la Belgique a quitté aussitôt le Rwanda, mais la France s’est engagée au côté du régime ethniciste. Plusieurs massacres de masse de Tutsi eurent lieu de 1991 à 1993. Ces officiers de police judiciaire français n’ont jamais dit un mot là-dessus alors qu’ils étaient présents au Rwanda, pays plus petit que la Bretagne, et alors que des documents montrent qu’ils connaissaient ces faits. Ces officiers français faisaient plus du renseignement de guerre orienté contre l’ennemi principal que des enquêtes.

Le moins que l’on puisse dire est que les autorités françaises des années 1990 ont pleinement obtempéré devant cette définition de l’ennemi clairement ethniciste.

Voilà pourquoi cette complicité française est allée très loin, beaucoup trop loin, et pourquoi certains Français ont peur et racontent n’importe quoi pour se défendre.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe