Christian Labrune Christian Labrune 14 août 2019 22:48

@Robin Guilloux

Si on lit la bible hébraïque très naïvement, comme on le ferait d’un texte peu ancien, de la fin du moyen-âge par exemple, on est forcément d’accord avec Marcion et Simone parce que, fût-on athée, on est christianisé jusqu’à l’os depuis des siècles. Le dieu de la Torah, dans ses caprices et ses colères, qu’il ne ménage même pas au peuple élu, apparaît forcément, si on n’a plus les clefs pour comprendre, comme le diable même dans toute sa perversité. La doxa chrétienne nous a appris, si j’ose dire, à ne plus rien comprendre au judaïsme, et j’en étais là moi aussi avant d’étudier un peu sérieusement une antiquité égyptienne qui me paraît désormais bien supérieure à tout ce qu’ont pu produire les Grecs et les Romains. Les prodromes du monothéisme juif sont déjà dans le culte d’Amon, bien avant la réforme regrettable et désastreuse d’Amenophis IV qu’on cite toujours, mais bien à tort. Ce qui me frappe surtout, c’est que le Dieu du judaïsme, comme ceux des religions antiques, est le dieu d’un seul peuple. On pourrait voir là une espèce d’archaïsme et juger préférable, comme une manière de progrès, la prétention des religions copiées du judaïsme à l’universalité, mais c’est tout le contraire. Par une vulgarisation désastreuse, à partir du christianisme, on a fait de Dieu non plus une abstraction à entrevoir et redéfinir sans cesse par l’interprétation interminable du Talmud, mais une espèce de créature très simple, très primaire et même très « sympa » dans le christianisme (Jésus) ou bien un exécrable pervers sadique dans l’islam.Tout cela est grossièrement simpliste. C’est ce qui fait qu’un athée, aujourd’hui, peut être fasciné par la complexité de l’exégèse talmudique, mais ne peut que rigoler face aux bricolages extrêmement naïfs des théologies dérivées et déjà mortes.  


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