Jean Dugenêt Jean Dugenêt 5 novembre 2019 23:10

@Eric F
Effectivement ce que dit Annie Lacroix Riz mérite d’être nuancé. C’est une stalinienne de choc qui défend Staline avec des arguments souvent grossiers mais de nous éloignons pas du sujet.
Sur la période dont elle parle, il faut remarquer qu’elle cite, à juste titre, le cas de Couve de Murville qui avait rejoint De Gaulle vers 1943 comme un cas typique d’un défenseur de la grande bourgeoisie française qui avait pour cela d’abord soutenu Pétain et qui ensuite s’est mis au service de de Gaulle. C’est un bel exemple qui montre qu’il y a eu sous De Gaulle un recyclage de l’administration de Pétain. C’est ce qu’elle montre quand elle dit qu’il n’y a pas eu d’épuration mais l’expression qu’elle emploie alors est contestable. Je préfère dire à ce sujet que De Gaulle à recycler l’administration de Pétain. Ce qu’elle apporte de nouveau est important. Elle montre en effet que ce que nous pensions être des exceptions, comme le cas de Papon, a en effet été un phénomène massif.
On perçoit bien cependant la politique qu’elle défend car elle dénonce Couve de Murville mais ne dit pas un mot sur Mitterrand qui était exactement dans le même cas. Elle couvre en effet la politique des socialo-communistes des premiers gouvernements du mitterrandisme d’après 1981.
On perçoit aussi la politique qu’elle défend quand on voit qu’elle met entièrement ce recyclage des pétainistes sur le dos de de Gaulle sans rien dire du rôle du PCF à ce sujet. C’était à la libération le plus important des partis politiques. Elle oublie simplement de dire que le PCF ne s’est en rien opposé à cette politique de de Gaulle. Le PCF a appliqué la politique de Staline qui était lui même soucieux de faire respecter le statut quo des accords de Yalta et Potsdam. Autant dire que le soutien du PCF à de Gaulle était un ordre de Staline. Maurice Thorez qui venait de passer les cinq années de la guerre bien confortablement installé dans une datcha (villa) de la banlieue de Moscou s’est attelé à faire en sorte que cela soit bien fait et son épouse, Jeannette Vermeesch, qui est revenue avec lui s’est chargée de la politique féministe à sa façon en déclarant à propos de l’avortement que « les femmes des travailleurs ne voulaient pas des vices de la bourgeoisie ».
Je le répète : les discours d’Annie Lacroix Riz doivent être écoutés avec précaution.
Il y a eu effectivement « une épuration sauvage » sur laquelle il y aurait beaucoup de choses à dire. A propos des tontes des femmes, là encore Annie Lacroix Riz exprime à sa façon ses sentiments féministes en affirmant que quelques tondues ne s’étaient pas contentées d’une collaboration horizontale. Peut-être. Mais je serais pour ma part plutôt d’accord avec J P Sartre pour dire que « Eussent-elles été coupables des pires crimes que ce spectacle n’en aurait pas été moins écoeurant ».


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