Samson Samson 7 novembre 2019 15:41

En matière de gestion des banlieues, différentes erreurs se sont succédées :

La première, déjà ancienne, relève tout simplement d’une conception urbanistique erronée de l’aménagement du territoire, par la concentration des travailleurs parqués dans de vastes zones urbaines périphériques.

Automatisation et informatisation des tâches aidant, le travail s’est ensuite raréfié, et ce processus n’ayant bénéficié qu’aux seuls investisseurs, a massivement appauvri les banlieues et bloquant toute perspective d’ascension sociale encouragé toutes combines liées à l’économie informelle.

— Faute d’avenir ou d’autres perspectives, une part de la jeunesse, désormais désœuvrée y pallie son ennui par le recours à des paradis artificiels plus exotiques que gnôle ou pinard nationaux, ouvrant par la même des débouchés à cette économie informelle évoquée plus haut.

Idéologiquement sans nuance entre drogues dites « dures » et « douces, soit plus ou moins addictives et problématiques au niveau sanitaire, la répression a à l’instar de la prohibition dans les années ’30 largement favorisé cette économie informelle, générant tout à la fois une problématique sanitaire (pas de contrôles de qualité sur les produits), socio-économique (à quoi bon étudier ou bosser quand le trafic est plus rentable), judiciaire et juridique (large mobilisation de moyens policiers, juridiques et pénitentiaires pour traquer les fumeurs de joints, alors même que l’usage est largement entré dans les mœurs). Avec le recul, un élargissement au cannabis de la Loi sur la répression de l’Ivresse publique, un encadrement légal de la production et de la commercialisation (qualité, accès restreint aux majeurs, ...) auraient tout à la fois créé de l’emploi, soulagé pour d’autres tâches nos forces de l’ordre et assuré à l’État de confortables rentrées.

La dernière erreur revient à l’insigne impéritie de la Girouette de Neuilly qui après avoir promis à l’électeur de nettoyer les banlieues au karcher n’a rien trouvé mieux que supprimer cette police de proximité, qui, tout en incarnant la persistance de l’ordre républicain dans les banlieues, en constituait tout à la fois les yeux et les oreilles. Si j’imagine que les économies ainsi réalisées ont pour partie financé l’acquisition de cet arsenal répressif et punitif qui après large usage dans des banlieues perdues sert maintenant à terroriser et mutiler les Gilets Jaunes, autres citoyens eux aussi abandonnés par la République. Mais qu’il s’agisse de prévenir ou de réprimer, à quelle efficacité peuvent encore prétendre des services de police tout à la fois sourds et aveugles ?

On peut bien accuser tant Gilets Jaunes que banlieues de s’être affranchis de l’ordre républicain, mais n’est ce lui qui les a bien trop longtemps laissés en rade et livrés à eux-mêmes, pour ne servir que les seuls intérêts d’une »élite" toujours plus avide, corrompue, pourrie jusqu’à la moelle, ... ?

L’état des lieux est particulièrement lamentable, et pas qu’en banlieues : nous en sommes déjà pour cette année au bilan tragique de 54 suicides dans les forces de l’ordre. Plutôt qu’en appeler à l’homme providentiel (Le petit Monarc ne s’était-il ainsi présenté ?), je crois néanmoins plus avisé de rétablir le débat citoyen pour reconstruire sur ses ruines un ordre républicain au service de l’ensemble de ses citoyens plutôt que de la seule cagnotte de quelques financiers véreux.

D’accord, il y a beaucoup de boulot, la tâche est maintenant immense et prendra bien du temps ! Mais rétablir les fondamentaux de la devise républicaine n’en vaut-il l’effort, et ne vaut-il mieux fédérer les énergies citoyennes qu’en appeler à un improbable homme providentiel ???

En vous présentant mes cordiales salutations ! smiley


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