uleskiserge uleskiserge 13 novembre 2019 08:55

Jean Renoir dans « La grande illusion » nous « vendra » un conflit de 14-18 mené dans un esprit chevaleresque et aristocratique, alors qu’il s’est le plus souvent agi de bouchers gantés, le petit doigt sur la couture du pantalon civil et militaire, impeccables certes ! Habiles dans le maniement de leur lorgnon, c’est vrai ! mais bouchers quand même ! Et leurs épouses, marraines de guerre, n’y changeront rien ; colis sous le bras, chacune viendra ajouter une touche obscène à ce sacrifice sans scrupule et sans objet qu’est cette première guerre mondiale.

Il y a des réalisateurs qui feraient bien de retenir un « Moteur ! » avant de donner le signal de faire tourner la caméra d’un projet cinématographique qui soumettra à notre perspicacité des questions qui n’en sont pas et des réponses… pas davantage.


En effet, les « de Boëldieu » et les « von Rauffenstein », héros de Renoir n’étaient au mieux qu’une exception qui confirme la règle suivante : dans les faits, « les Rauffenstein et les de Boëldieu » de ces années-là avaient la rancune sournoise ; n’en doutons pas un seul instant, ils étaient bien trop contents de précipiter sous la mitraille des gueux souvent grévistes et revêches, sans doute pour leur apprendre à obéir une fois pour toutes les fois, la dernière, où ils auront été tentés de n’en faire qu’à leur tête d’ouvriers décidément indomptables. .


Quant à l’alliance de l’ouvrier et du banquier (Gabin et Dalio dans l’ordre), là, on atteint des sommets dans le récit de ce qui s’avère être à la fois un conte pour enfants et une fable pour adultes hémiplégiques de la mémoire ( il devait leur en manquer au moins la moitié) ; conte et fable pour un film. tourné pourtant en 1939, et que le front populaire est déjà derrière nous ; il faudra attendre 30 ans son retour : le « Mai 68 ouvrier » s’entend.


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