Luniterre Luniterre 20 novembre 2019 20:32

@nemo3637
La raréfaction du travail est évidemment, sur le long terme, le facteur dominant de l’évolution du système et c’est bien pourquoi il tente de mettre en place de nouveaux modes de domination, non fondés sur les rapports de production. Les ébauches de « revenu universel » sont un essai dans ce sens et doivent donc être combattues comme tel, actuellement, pour les raisons que je vais tenter de résumer.

Le concept de raréfaction du travail n’est pas nouveau, vu qu’il se trouve précisément déjà expliqué par Marx dans les Grundrisse, à propos de la robotisation inévitable, à terme, de l’industrie. Aujourd’hui, cela concerne donc même les services, qui ne sont donc, comme vous le soulignez, qu’une soupape très provisoire pour les besoins de l’investissement productif. D’un point de vue marxiste, c’est à dire matérialiste dialectique, il faut donc en comprendre les aspects contradictoires. La différence entre l’approche capitaliste et l’approche marxiste, c’est la différence de finalité.

Pour le capitaliste, le but reste l’accumulation de plus-value, et elle se trouve optimisée si le travail productif est concentré sur un nombre minimum de travailleurs, le coût social direct de l’entretien de cette force de travail étant moindre. Donc il n’y aura pas de partage du travail effectué par le capital, bien au contraire, et donc même d’autant moins avec la crise. C’est ce que l’on voit actuellement avec les « réformes » qui sont des reculs sociaux sur ce plan.

Par contre, d’un point de vue social marxiste, le but de la production devrait être, au contraire, la satisfaction d’ensemble de tous les besoins sociaux.

Dans la mesure où c’est loin d’être le cas à l’heure actuelle, il y a donc encore lieu de considérer la nécessité du développement des forces productives dans certains domaines, qui correspondent à ces besoins réels vitaux encore insatisfaits.

Il y a donc ici une sorte de « contre-courant » qui ralentira, en cas d’alternative anticapitaliste, la raréfaction du travail.

D’une manière générale, et même par la suite, c’est le volume global de la force de travail nécessaire pour satisfaire les besoins sociaux qui doit être prise en compte par la planification socialiste.

Ce volume reste donc à partager entre tous les participants valides, en âge de travailler, et selon leurs compétences et les possibilités de formation.

C’est donc logiquement pourquoi Marx pensait en termes de « libération du travail », vu qu’à terme la raréfaction diminue drastiquement la part de chaque intervenant, sans réduire son niveau de vie, bien au contraire. C’est la part du temps personnel pour chacun qui augmente.

Dans les premiers essais de socialisme, c’est à dire essentiellement en URSS, les forces productives avaient besoin d’un développement intense et accéléré, en raison non seulement de leur arriération initiale, mais surtout de leur destruction par les armées blanches et étrangères intervenant dans la guerre civile, puis à nouveau, en raison de l’échec de la NEP, et finalement, face à la menace fasciste grandissante en Europe.

C’est essentiellement l’histoire de la décennie d’avant-guerre, et il n’y avait donc pas de « raréfaction du travail » ! De même, dans la décennie de reconstruction, après la guerre.

Pour autant, d’un point de vue marxiste, il n’y a pas de tabou particulier, pas de raison de refuser d’étudier l’histoire du développement économique de cette époque, tant du point de vue des différents concepts économiques en présence que de leur mise en œuvre. C’est effectivement un sujet d’étude sur le blog TML, ainsi que les mutations qui ont amené le déclin de l’URSS, fin des années 50, puis sa « stagnation », sous Brejnev, et sa chute, sous Gorbatchev. Est ce que cela fait de TML un blog « stalinien » pour autant ? Personnellement je pense que cela mène à un regard critique sur le rôle des uns et des autres, sans préjugés.

Concernant Trotsky, je constate simplement qu’il se trouve hors du champ critique du marxisme par son approche des questions économiques, que ce soient celles de l’URSS ou sur ses propositions pour le mouvement ouvrier en Occident.

Concernant Staline, même si son pouvoir réel est loin d’être conforme à la légende qu’en fait l’Occident, on peut néanmoins difficilement étudier sérieusement l’histoire de l’URSS sans en tenir compte à tous points de vue, et y compris et d’abord, concernant son action économique !!!

Dans la mesure où j’apprécie aussi l’utilité des analyses de Lénine concernant le développement de l’impérialisme sur la base du capitalisme financier, plus que jamais d’actu, je ne vois aucune raison, bien au contraire, de rejeter la dénomination de « marxiste-léniniste », et c’est donc pourquoi le blog s’appelle « Tribune Marxiste-Léniniste ».

Une autre base théorique du blog est l’approche très critique que Jdanov a fait de la politique des partis communistes français et italiens, notamment en 1947. Jdanov est décédé en 1948 dans des conditions non encore totalement élucidées. Cela reste un sujet d’histoire passionnant, même et surtout pour les russes… Mais pas plus qu’eux je ne prétend détenir la clef du mystère. En un sens je suis donc également « Jdanoviste »… Est-ce que cela fait de moi nécessairement un partisan fanatique de Staline ? Précisément, il ne me semble pas, mais si le fait d’assumer Jdanov doit faire de moi un « stalinien », je l’assume dans cette mesure. De même, j’ai eu l’occasion de republier une analyse de Dimitrov sur la période qui a suivi le traité germano-soviétique de non-agression, et je l’assume aussi pleinement, concernant sa courte période de validité, ce qui me sépare aussi de l’historiographie officielle du PCF, du reste !

https://tribunemlreypa.wordpress.com/la-doctrine-jdanov-du-front-anti-imperialiste/

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2019/10/24/de-brest-litovsk-a-dantzig-en-passant-par-rapallo/

Luniterre


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