Orélien Péréol Orélien Péréol 4 juillet 2020 18:19

- Vous parlez de changement conceptuel. Est-ce qu’on peut imaginer que cet outil soit utilisé pour d’autres types d’actes qui consomment du carbone ?

Absolument. Je vous renvoie aux réflexions de Dominique Bourg sur le système de quota carbone indifférencié selon qu’on prend l’avion, qu’on utilise la voiture ou qu’on achète des vêtements. Ainsi, à chacun de choisir un mode de vie. Mais ce n’est pas encore faisable techniquement. Tandis que pour l’aviation, l’outil existe, c’est le fichier des passagers aériens. C’est la raison pour laquelle, avec François Ruffin, nous considérons que le faire dans l’aviation est une première étape à portée de main. Il faut bien commencer quelque part, et pour l’aviation, c’est faisable là, tout de suite, maintenant.

- Mais faut-il le faire au niveau national ? Le niveau pertinent n’est-il pas plutôt européen ?

Le niveau pertinent, par définition, c’est le niveau mondial. A défaut du niveau mondial, c’est le niveau européen. Et à défaut du niveau européen, c’est le niveau français. On ne peut plus accepter l’impuissance et l’inertie sous prétexte qu’il faudrait que tout le monde fasse la même chose. C’est comme dans le débat sur la taxation des Gafa : l’idéal serait une fiscalité mondiale, mais puisque les Etats-Unis bloquent, nous allons agir au niveau français, et d’autres Etats européens feront comme nous. Il faut se mettre à agir sérieusement dans la lutte contre le changement climatique et c’est cela qui créera un effet d’entraînement.

- Cela peut détruire des emplois dans l’aérien ?

Les destructions d’emplois actuelles dans le secteur aéronautique ne sont pas le résultat de décisions écologiques mais de la négation, par l’ensemble de cette filière, des problématiques liées au changement climatique. Un Etat stratège doit contribuer à organiser la reconversion de cette filière industrielle au lieu de l’encourager dans une forme d’aveuglement. 15 milliards d’aides de l’Etat parce qu’on pense que le trafic aérien va repartir comme avant, ce n’est pas responsable, c’est malhonnête vis-à-vis des salariés de ces entreprises.

Propos recueillis par Baptiste Legrand


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