Antenor Antenor 12 juin 2020 21:54

@ Emile

On constate surtout à la page 14 du dossier qu’il est évident que le critère d’absence urbanisation actuelle de ces sites (Merdogne, Corent) est le fondement du projet de classement. En ces lieux déserts, les archéologues n’embêtent personne et personne ne vient les embêter. Ils sont contents, les élus sont contents, tout le monde est content. Bien évidemment, ce n’est pas de la science mais de la politique.

Un article de synthèse très intéressant sur les sites fortifiés de grande superficie tel Merdogne et le Mont-Beuvray (et sans doute Corent).

https://journals.openedition.org/pallas/8249

La mise en parallèle des textes antiques évoquant les premières incursions germaniques vers -100 et l’apparition simultanée de ces vastes enclos fortifiés est plutôt convaincante. Le seul bémol à y apporter mais il est de taille, est que l’auteur ne tient précisément pas compte des sites actuellement urbanisés tel Le Crest ou Clermont pour le cas auvergnat qui nous préoccupe. Sinon, il se rendrait compte que la faible urbanisation de la Gaule a fait que contrairement aux exemples grecs qu’il met en avant ; les Gaulois ont choisi le plus souvent de créer ces enclos-refuges à proximité des capitales militaires au lieu des villes commerçantes.

Ce n’est pas un hasard si c’est dans le Morvan ou dans le Limousin que ces sites atteignent les superficies les plus grandes. C’est précisément parce que ces régions étaient et demeurent faiblement urbanisées. Au contraire, dans les régions de Bourges et de Chalon, on ne retrouve pas ce type de site parce que ces villes étaient sans doute déjà assez développées pour assurer leur propre défense et accueillir les populations environnantes en cas de danger. Quand le Mont-Beuvray est abandonné, Autun prend le relais avec une enceinte beaucoup plus vaste que l’agglomération qu’elle abrite mais Larochemillay demeure le centre militaire autour duquel s’articule la défense du pagus.

On a un autre exemple très parlant à une centaine de kilomètres au Nord-Est de Gergovie dans le Roannais ou le vaste enclos de Joeuvres fait face à la citadelle de Saint-Jean-Saint-Maurice sur Loire. Les citadelles militaires comme cette dernière étaient trop petites pour accueillir de grands groupes de populations et ce sont des sites comme Joeuvres qui ont été créés spécialement pour. Idem dans l’Allier avec la forterresse de Hérisson et l’enclos de Cordès. Cette stratégie était sans doute efficace contre les razzias germaniques mais elle a montré ses limites face aux Romains. Contraints de mener une politique de terre brûlée, les Gaulois ont dû détruire ce type de sites devant l’avancée romaine contraignant les populations à se cacher dans les bois.


Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe