microf 10 août 2020 12:51

@microf

Suite du Discours de Sékou Touré á De Gaule le 25 Août 1958 á Conakry.

" Nous ne renonçons pas et ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance car, à l’échelon franco-africain nous entendons exercer souverainement ce droit. Nous ne confondons pas non plus la jouissance de ce droit à l’indépendance avec la sécession d’avec la France, à laquelle nous entendons rester liés et collaborer à l’épanouissement de nos richesses communes. Le projet de Constitution ne doit pas s’enfermer dans la logique du régime colonial qui a fait juridiquement de nous des citoyens français, et de nos Territoires, une partie intégrante de la République Française Une et Indivisible. Nous sommes Africains et nos Territoires ne sauraient être une partie de la France. Nous serons citoyens de nos Etats africains, membres de la Communauté Franco-Africaine. En effet, la République Française, dans l’Association Franco-Africaine, sera un élément tout comme les Etats Africains seront également des éléments constitutifs de cette grande Communauté Multinationale composée d’Etats Libres et Egaux. Dans cette Association avec la France, nous viendrons en peuples libres et fiers de leur Personnalité et de leur Originalité, en peuples conscients de leur apport au patrimoine commun, enfin en Peuples Souverains participant par conséquent à la discussion et à la détermination de tout ce qui, directement ou indirectement, doit conditionner leur existence.

La qualité ou plutôt la nouvelle nature des rapports entre la France et ses anciennes colonies devra être déterminée sans paternalisme et sans duperie. En disant NON de manière catégorique à tout aménagement du régime coloniaI et à tout esprit paternaliste, nous entendons ainsi sauver dans le temps et dans l’espace les engagements qui seront conclus par la nouvelle Communauté Franco-Africaine. En dehors de tout sentiment de révolte, nous sommes des participants résolus et conscients à une évolution politique en Afrique Noire, condition essentielle à la reconversion de tout l’acquis colonial vers et pour les populations africaines.

Le nom de notre Association nous importe peu, ce qui importe sera le contenu de notre Association, la somme des possibilités nouvelles d’évolution qu’elle offrira aux Territoires Africains actuellement engagés dans le grand mouvement d’émancipation qui exige la disparition totale du phénomène colonial et l’établissement d’une ère de liberté vraie, d’égalité et de fraternité agissante. Monsieur le Président, nous savons que vous vous êtes donné pour mission de sauver l’Unité de la Nation Française. Cette noble ambition, l’effort qu’elle suppose seront à la mesure de votre pouvoir si elle comprend et sait respecter également les points de sensibilisation de l’action des peuples associés à la Nation Française."


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