njama njama 11 août 2020 16:00

Oui il y a bien une tentative de prise de contrôle du Liban par des puissances étrangères dont la France, une tentative pourtant purement illégale au regard du Droit international comme le rappelle le Dr Leila Nicolas Rahbani Professeur de Relations internationales à l’Université libanaise :

Exploitation politique de la catastrophe de Beyrouth : Tutelle internationale ?

[........] Ici, nous nous devons de réfuter cette étrange réclamation en termes de Droit international.

Premièrement : Le « régime international de tutelle » a été établi en 1945 par l’Organisation des Nations Unies, conformément au chapitre XII de sa Charte, pour la surveillance des territoires placés sous tutelle en vertu d’accords particuliers conclus avec les États chargés de les administrer. Il a définitivement disparu en 1994, année au cours de laquelle le dernier de tous les territoires sous une telle tutelle est devenu, à son tour, un État indépendant.

Pour information, la « tutelle internationale » est un type de colonialisme que les États coloniaux ont tenté de poursuivre de manière masquée après la Deuxième Guerre mondiale pour exploiter les peuples pauvres et s’approprier leurs ressources. Par conséquent, ceux qui réclament une tutelle internationale veulent-ils nous transformer en « colonie internationale » et nous ramener au régime du mandat [celui de la défunte Société des Nations ; NdT] ?

Deuxièmement : La « tutelle internationale » tombe du simple fait qu’un État rejoigne l’Organisation des Nations Unies, parce que son principe contredit un autre principe essentiel et fondamental de ces mêmes Nations Unies : celui de l’« égalité souveraine » comme l’affirme l’article 78 de la Charte.

Troisièmement : Le principe de la tutelle internationale tombe devant le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », lequel est considéré comme l’un des principes catégoriques du droit international. Par conséquent, en dehors du fait que la réclamation d’une tutelle internationale est fondamentalement illégale, comme nous venons de le démontrer, le droit des Libanais de décider de leur avenir ne peut pas tomber devant les réclamations de politiciens ou de journalistes, qu’ils soient locaux ou étrangers.

Par ailleurs, en admettant qu’une telle tutelle soit encore possible, les réalités sur le terrain, la politique et les pratiques étatiques font que son imposition nécessite une résolution du Conseil de sécurité. Et la question devient : comment obtenir un tel consensus aujourd’hui ?

De plus, réclamer une tutelle internationale pour désarmer le Hezbollah dénote une grave superficialité, car aucun pays ne sera prêt à engager ses soldats au Liban pour ce faire, notamment depuis qu’Israël en a été incapable en 2006 [en dépit de la guerre de 33 jours de bombardements non-stop sur Beyrouth, NdT].

Dr Leila Nicolas

Le 5 août 2020


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