Des plages de bord de mer aux sommets qui barrent l’horizon, c’est mon domaine. Les fleuves en délimitent les territoires des chats. Si vous parcourez cet espace, à dos de cheval ou de chameau, vous n’en découvrirez pas le coeur, là où les eaux souterraines pulsent une source fraîche. Elles suivent le dos d’un rocher moussu puis plongent en cascade éclaboussante. Les chats locaux n’en approchent pas.

Un jour ils me firent barrage en s’étirant sur mon chemin. Heureusement, aucun chien ne m’accompagnait, je pus sourire de leur manège. Les filets d’eau sinuaient d’une manière inhabituelle. Les chats dressaient leurs queues de désapprobation. Faire sa toilette sous l’eau, quelle escapade inutile !

Quand, repue de musique ruisselante, leur maîtresse réintégra linge et sandales, ils prirent son sillage d’un trot rassuré. L’ex rendez-vous de chasse est donc devenu le lieu de leur ronronnement !

Béni soit le gros temps, la pluie qui ricoche, chasse les chats, et pénètre la terre. C’est lui que chante la cascade capricieuse, lui qui donne l’envie du refuge douillet.