Miona Miona 17 septembre 2020 10:04

Un extrait de sa conférence (ou comment la 3ème classe « invisible » (« les pires d’entre tous les hommes ») se sert des 2 autres classes « la majorité vertueuse » et la « classe vile » (les racailles d’en bas) pour prospérer ) :
 

« Si on veut que les hommes, égoïstes par nature, se tiennent tranquilles, il faut les amener à modérer leurs appétences.
Avant, dans les anciens régimes, il y avait le joug, la servitude. Maintenant il faut employer la ruse.
Pour qu’ils consentent à obéir aux lois, il ne reste - c’est la rançon de leur égoïsme - qu’à les payer : « je te donne quelque chose et tu te calmes ». Ça fonctionne encore aujourd’hui...
Mais comme ils sont nombreux, et qu’il n’y aurait jamais assez d’argent pour les rémunérer, il faut les dédommager avec une monnaie qui ne coûte rien. En paroles, avec des flatteries... utilisant le fantasme de leur vertu. Cette façon de circonvenir les hommes constitue pour Mandeville l’essence du politique, le coeur de l’économie politique en démocratie.
De cette politique il résulte deux classes (au sens plus psychologique que sociologique) et un petit nombre auprès de qui cette politique de la flatterie n’est pas efficace. Et ils composent donc une classe d’individus courant sans cesse après les avantages immédiats, les jouissances immédiates ; la classe dangereuse donc : composée des bandits, voleurs, proxénètes, trafiquants... Donc une petite classe vile, d’irréductibles, qui est cependant forte utile car elle peut agir sur le reste comme un répulsif, qui permet donc la création en regard d’une large classe « vertueuse » composée de créatures qui pourront se targuer d’avoir réussi là où les premiers ont échoué. Nous voici donc avec deux classes...

Cette manipulation politique n’a qu’un but : créer une troisième classe, invisibilisée, composée dit-il des pires d’entre tous les hommes (les pervers). Cette troisième classe fait semblant d’obéir à la loi, dans un double but : profiter du prestige des vertueux et surtout tenir tout le monde tranquille afin d’en tirer tous les bénéfices possibles. C’est-à-dire que ceux de cette troisième classe simulent l’abnégation, en parlant comme ceux de la classe vertueuse, et dissimulent leurs penchants, notamment l’avidité, qui les rattachent à la classe vile, cela en prônant donc le bien public. Ils forment donc cette troisième classe d’ambitieux qui récoltent tous les bénéfices, font tourner les affaires et qui grâce à leur double-jeu peuvent gouverner avec facilité. Il leur suffit en effet de prêcher l’esprit de dévouement au bien public, pour mieux contraindre à l’abnégation et à l’honnêteté tous les autres, en les faisant au besoin bêler de concert contre la corruption... Ce qui permet ainsi de les faire travailler à leur service, afin de récolter tranquillement les fruits de leur labeur. »


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