Clark Kent Séraphin Lampion 12 octobre 2020 17:50

@amiaplacidus

« Nous sommes confrontés à une conception hautement aristocratique et sélective du politique, où ce qui seul importe, c’est de savoir “choisir ses compagnons”. (…) Pour s’être résolument et sciemment mise dans les traces de Heidegger, elle en est venue à faire sienne sa vision dévastatrice de la modernité et sa déshumanisation de “l’animal laborieux”. » -Emmanuel Faye - Arendt et Heidegger. Extermination nazie et destruction de la pensée.

Peu de gens ont lu Hannah Arendt et ne connaissent de son œuvre que ce que ses exégètes coreligionnaires ont bien voulu en faire. Elle a fait des bourreaux et des victimes de l’extermination les rouages presque interchangeables d’une machine de mort qui les dépassait, ce qui recoupe ce que Heidegger a appelé la « fabrication de cadavres » mise au compte de la technique comme « l’agriculture mécanisée ». Elle a aussi, en fait, sous-estimé la responsabilité des dirigeants nazis avec le concept de « banalité du mal » appliqué à Eichmann, et la disculpation quasi totale de celle des intellectuels qui avaient soutenu le régime. Sa conception du « vivre ensemble » se recoupait avec celle du « Dasein » heideggérien, soit l’aventure partagée de la communauté, du peuple, comme il est dit dans Être et Temps, et qui serait au fond « la grandeur interne » du nazisme que Heidegger ne cessera de revendiquer. Si Arendt ne va pas jusque-là, elle n’en partage pas moins avec lui une vision antidémocratique et élitaire, à l’opposé du marxisme qu’on lui a souvent attribué à tort.


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