velosolex velosolex 15 octobre 2020 22:19

Voilà les dix petits nègres, roman d’Agatha Christie, encore condamné. Il a fallu surprimer le mot « nègre », maintenant il sera impossible aux protagonistes de se réunir à plus de six sur l’ile. Avec des masques bien sûr. Et des mesures barrières.

Pas facile de passer à l’acte avec la distanciation. Ca va être la mort du roman policier. Plus de baiser langoureux....Ca va être la fin du roman d’amour. La bouche il est vrai va bientôt devenir l’endroit masqué le plus érotisé du corps, mais succeptible d’amener plus de maladie qu’aux temps des maladies vénériennes

Il nous restera les romans d’aventures. « Premier de cordée » Par exemple. Ah, les grands sommets, la nature, le vent qui éloigne les miasmes de covid. Les premiers de cordée c’est vrai ont bien évolué. 

Ce terme de « premier de cordée » est sorti des cerveaux des analystes libéraux il y a quelques années. C’est un abus de langage qui tort la réalité, et justifie par avance les différences de traitement, en s’appuyant sur une primauté d’efforts et de mérites. Le premier de cordée en effet prend des risques, et ouvre la voie à ceux qui le suivent. Il assure en cas de chute, et plante les pitons dans la paroi. Ca, c’est pour la montagne. 

On est bien loin de ces exploits athlétiques et de ce dévouement humain dans la vraie vie. La métaphore sportive c’est vrai est plus valorisante que la réalité sociale. Nos premiers de cordée sont essentiellement des bourgeois en chaussons, pantouflant sur des situations générationellement acquises par l’argent, l’héritage, et les carnets d’adresses. Dans le propos, l’ascenseur ou la chaise à porteur me semblent plus pertinent comme image que la corde de rappel.

Mais on a vu c’est vrai, des alpinistes dans des situations extrêmes, couper la corde qui les relie à leur compagnon blessé, ou condamné, seule chance pour s’en sortir eux mêmes. 

Voilà peut être bien ce qui nous attend. Ne pas croire que ça leur sera facile. Il bruleront un cierge en souvenir de nous. Et puis penseront au monde d’après, enfin débarassé de son trop grand plein d’indigènes. Le mamouth sera enfin dégraissé. Pas vraiment de la façon dont ils le pensaient, diront ils, en riant, en se tapant sur l’épaule. 




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe