@Géronimo howakhan
Discours de la servitude volontaire de Étienne de La Boétie
Ce maître n’a pourtant que deux yeux, deux mains, un corps, et
rien de plus que n’a le dernier des habitants du nombre infini de nos
villes. Ce qu’il a de plus, ce sont les moyens que vous lui fournissez
pour vous détruire. D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce
n’est de vous ? Comment a-t-il tant de mains pour vous frapper, s’il ne
vous les emprunte ? Les pieds dont il foule vos cités ne sont-ils pas
les vôtres ? A-t-il pouvoir sur vous, qui ne soit de vous-mêmes ?
Comment oserait-il vous assaillir, s’il n’était d’intelligence avec vous
? Quel mal pourrait-il vous faire, si vous n’étiez les receleurs du
larron qui vous pille, les complices du meurtrier qui vous tue et les
traîtres de vous-mêmes ?