Étirév 19 février 2021 03:26

« Pourtant, « l’Islam » est par excellence une notion vague et essentialisée, funeste au raisonnement. Il n’existe rien de concret qu’on puisse nommer simplement « Islam ». »
C’est parce vous ne cherchez pas ou que vous cherchez mal.

D’après la tradition islamique, tout être est « muslim », c’est-à-dire soumis à la volonté divine, à laquelle rien ne peut se soustraire ; la différence entre les êtres consiste en ce que, tandis que les uns se conforment consciemment et volontairement à l’ordre un universel, les autres l’ignorent ou même prétendent s’y opposer. Remarquons que la même racine se retrouve dans les mots « Islam » et « muslim » ; la « soumission à la Volonté divine » c’est le sens propre du mot Islam, et est la condition nécessaire de la « Paix » ; l’idée exprimée ici est à rapprocher de celle du Dharma hindou.
Il est intéressant de remarquer également que la tradition hindoue et la tradition islamique sont les seules qui affirment explicitement la validité de toutes les autres traditions orthodoxes ; et, s’il en est ainsi, c’est parce que, étant la première et la dernière en date au cours du Manvantara (durée d’un cycle humain), elles doivent intégrer également, quoique sous des modes différents, toutes ces formes diverses qui se sont produites dans l’intervalle, afin de rendre possible le « retour aux origines » par lequel la fin du cycle devra rejoindre son commencement, et qui, au point de départ d’un autre Manvantara, manifestera de nouveau à l’extérieur le véritable Sanâtana Dharma, qui est la Tradition primordiale, pleinement intégrale, et qui seule subsiste continuellement et sans changement à travers tout le Manvantara.
René Guénon rappelle qu’à certaines époques, au moyen âge notamment, l’esprit occidental ressemblait fort, par ses côtés les plus importants, à ce qu’est encore aujourd’hui l’esprit oriental, notamment celui de la civilisation islamique, bien plus qu’à ce qu’il est devenu lui-même dans les temps modernes.
Mais, dit-il, il s’est produit, au cours des derniers siècles, un changement considérable, qui va même jusqu’à un véritable renversement, dans la direction donnée à l’activité humaine, et c’est dans le monde occidental exclusivement que ce changement a eu lieu.
L’opposition de l’Orient et de l’Occident, ajoute t-il, n’a tout son sens que s’il s’agit spécialement de l’Occident moderne, car cette opposition est beaucoup plus celle de deux esprits que celle de deux entités géographiques plus ou moins nettement définies.
Enfin, souvenons-nous que le monde occidental, depuis des temps qui remontent encore plus loin que le début de l’époque dite historique avait d’une façon générale toujours entretenu avec l’Orient des rapports normaux, proprement traditionnels, reposant sur un accord fondamental de principes de civilisation. Tel a été le cas de la civilisation chrétienne du moyen âge.
Précisons que ces rapports ont été rompus par l’Occident à l’époque moderne dont René Guénon situe le début beaucoup plus tôt qu’on ne le fait d’ordinaire, à savoir au XIVème siècle, lorsque, entre autres faits caractéristiques de ce changement de direction, l’Ordre du Temple (les Templiers), qui était l’instrument principal de ce contact au moyen âge chrétien, fut détruit : et il est intéressant de noter qu’un des griefs qu’on a fait à cet ordre était précisément d’avoir entretenu des relations secrètes avec l’Islam, relations de la nature desquelles on se faisait d’ailleurs une idée inexacte, car elles étaient essentiellement initiatiques et intellectuelles.
Si les Occidentaux reconnaissaient que tout n’est pas forcément à dédaigner dans les autres civilisations pour la seule raison qu’elles diffèrent de la leur, rien ne les empêcherait plus d’étudier ces civilisations comme elles doivent l’être, nous voulons dire sans parti pris de dénigrement et sans hostilité préconçue ; et alors certains d’entre eux ne tarderaient peut-être pas à s’apercevoir, par cette étude, de tout ce qui leur manque à eux-mêmes, surtout au point de vue purement intellectuel.
Malheureusement, comme disait Albert Einstein : « Il est plus facile de désintégrer un atome qu’un préjugé. »


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