Étirév 15 juin 2021 10:25

La connaissance ne peut être acquise que par une compréhension personnelle que l’homme doit trouver seulement en lui-même : « Connais-toi toi-même », disait l’expression inscrite sur le fronton du temple de Delphes, qui n’est autre que la quête du « Qui suis-je ? » védantique de Ramana Maharshi.
Aucun enseignement « conventionnel » n’est capable de donner la connaissance réelle. Sans cette compréhension, dit René Guénon, aucun enseignement ne peut aboutir à un résultat efficace. Et l’enseignement qui n’éveille pas chez celui qui le reçoit une résonance personnelle ne peut procurer aucune sorte de connaissance ; toute vraie connaissance est un ressouvenir. C’est pourquoi Platon dit que « tout ce que l’homme apprend est déjà en lui » et qu’Ibn Sina (Avicenne) exprime ainsi : « Tu te crois un néant et c’est en toi que réside le monde. ».
Jean Parvulesco parle aussi d’une « voie de communication avec la centrale polaire inconnue de notre mémoire la plus abyssalement immémoriale, la voie de la « rencontre providentielle » avec certains livres. ».
« Pro captu lectoris habent sua fata libelli » (Selon les capacités du lecteur, les livres ont leur destin), dit également Terentianus.
Le Livre de soi-même est le seul qui n’est fermé pour personne
Toutes les expériences, toutes les choses extérieures qui l’entourent ne sont pour l’homme qu’une occasion pour l’aider à prendre conscience de ce qu’il a en lui-même. Cet éveil est ce que Platon appelle anamnésis, ce qui signifie « réminiscence ». Si cela est vrai pour toute connaissance, ce l’est d’autant plus pour une connaissance plus élevée et plus profonde, et quand l’homme avance vers cette connaissance, tous les moyens extérieurs et sensibles deviennent de plus en plus insuffisants jusqu’à perdre finalement toute utilité. S’ils peuvent aider à approcher la sagesse à quelque degré, ils sont impuissants à l’acquérir réellement, quoiqu’une aide extérieure puisse être utile au début, pour préparer l’homme à trouver en lui et par lui-même ce qu’il ne peut trouver ailleurs et particulièrement ce qui est au-dessus du niveau de la connaissance rationnelle. Il faut, pour y atteindre, réaliser certains états qui vont toujours plus profondément dans l’être, vers le centre qui est symbolisé par le cœur et où la conscience de l’homme doit être transférée pour le rendre capable d’arriver à la connaissance réelle. « Ainsi, dit Ibn Arabi, il n’y a de Connaissance de la Vérité Suprême provenant de la Vérité même que par le cœur ; ensuite cette connaissance est reçue par l’Intellect, de la part du Cœur. »
Ces états qui étaient réalisés dans les mystères antiques étaient des degrés dans la voie de cette transposition du mental au cœur.
Ceux qui se font initier, assure Aristote, apprennent moins quelque chose, qu’ils ne font l’expérience de certaines émotions et ne sont plongés dans un état d’esprit particulier ; « Ne pas apprendre mais éprouver », dit-il à propos des Mystères d’Eleusis.
NB : On donna à l’endroit où l’on construisit la ville de Delphes le nom d’OMPHALOS (nombril) ; on y érigea un temple dans lequel on plaça un monument de pierre blanche figurant un nombril, auquel fut attaché un ruban, en forme de cordon ombilical, et on sculpta sur la pierre l’image de deux aigles.
Voilà du symbolisme facile à expliquer. Le gouvernement maternel est représenté par le cordon ombilical qui attache l’enfant à sa mère ; et les deux enfants, représentés par les deux aigles, montrent que la mère enfante des fils et des filles qui doivent vivre en paix sous l’égide maternelle.
Comme « Helf », dans les langues du Nord, signifie « moitié », on s’est figuré que d’Helf (ou Delphes) voulait dire milieu (milieu de la Terre) ; c’est une erreur. Cela signifie égalité des sexes devant la mère, et cela répond, évidemment, à une prétention de domination masculine ; les Grecs, donnant partout à l’homme le rôle de la femme, on a sans doute voulu lui rappeler qu’il n’est que la moitié de l’humanité. Delphes devint le siège de la religion, le centre des sciences et l’académie de la Grèce.
La ville de Delphes fut, plus tard, appelée Pytho (de Put qui signifie puits ou caverne), d’où les noms de Pythie, pythonisse, écrits comme ils doivent l’être, « Puthie », « puthonisse », qui dérivent du verbe « putten » (puiser), d’où cette expression : « un puits de science ».

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