Mon commentaire ne se place pas sur le plan historique, je ne suis pas une spécialiste. Je note seulement qu’à chaque crise ou chaque problème chez nous, on établit une comparaison avec la période 39-45. Quasi systématiquement. Ces années-là ont marqué la France au fer rouge. Le pays n’arrive pas à tourner la page de la dégringolade et de la honte absolue. C’est ce fait-là qui me semble intéressant à vrai dire.

De Gaulle, par son courage, son intransigeance, son patriotisme et sa gouvernance visionnaire a réussi un temps à masquer le traumatisme. La culture populaire n’a ensuite eu de cesse d’encenser les résistants, mais le traumatisme est toujours là, il hante notre subconscient et nous divise depuis : il y a eu des bons mais aussi et surtout de très mauvais Français. C’est cette vérité-là à mon avis qui empêche le pays d’avancer, pire, qui le maintient dans une sorte de repentance. Finalement, la libération n’est pas venue, puisque nous sommes toujours enchaînés à cette parenthèse malheureuse.

Un jour, il faudra peut-être arrêter de nous flageller. Les Français ne sont sans doute pas pires ni meilleurs que bien d’autres peuples. Soixante-dix ans après cette sombre période, il me semble raisonnable de la ranger enfin dans une boite et de la laisser aux historiens. Sans l’oublier, mais sans établir à tout bout de champ des comparaisons douloureuses et spécieuses souvent qui pourrissent le débat.