Antenor Antenor 15 août 2021 21:27

Belles trouvailles que ces cartes. Sur la plus ancienne, celle d’Oronce Fine, Gergovie semble identifiée à Clermont et Bibracte à Beaune. Sur celle un peu plus récente de Paolo Forlani, Gergovie n’apparaît pas et la situation de Bibracte est un peu plus floue. Elle ne semble rattachée à aucune ville moderne précise mais en tous cas on est bien dans la région de Chalon et de la Dheune. Peut-être avait-il fait lui aussi le rapprochement entre la Dheune, le Dubis de Strabon et le nom de Dumnorix (Dubnorex sur les monnaies).

Je ne pense pas qu’il faille forcément voir dans ces cartes un héritage ancien mais plutôt la recherche scientifique qui progresse. Paolo Forlani est contemporain de Gabriel Simeoni, le « père » de Gergovie à Merdogne (voir sa carte de la Limania Overnia). L’absence de Gergovie sur sa carte peut être un indice que Forlani n’était pas convaicu par la thèse de Simeoni encore en vigueur aujourd’hui.

S’il s’est trompé de colline, Simeoni avait au moins localisé Gergovie dans le bon secteur au Sud de Clermont. Alors que pour Bibracte au Mont-Beuvray, non seulement ce n’est pas le bon type de site mais en plus ce n’est carrément pas la bonne région. Forlani était plus près de la réalité que Bulliot !

La poudre aux yeux sur Bibracte et Gergovie ne doit pas masquer le vide béant concernant toutes autres les grandes agglomérations gauloises (Avaricum, Cenabum, Lutèce, Durocortorum) mentionnées dans les textes. Mais comme ces dernières sont quasiment introuvables par l’Archélogie, on doit peut-être considérer qu’elles n’ont pas vraiment existé ? Que seules Bibracte au Mont-Beuvray et Gergovie éparpillée en confetti (cuisine interne oblige) ont le droit de cité et doivent masquer tout le reste ?

Strabon dit que Bibracte est un Arx, la description de Gergovie par César est également celle d’une citadelle. Est-ce si compliqué de comprendre la différence entre ces citadelles, les villes commerciales (Lutèce, Avaricum, etc...) et les grands sites religieux (Corent, Beuvray etc...) également décrits par les auteurs antiques ? On n’a pas la description de Bibracte, mais grâce à Strabon nous savons que Chalon était la ville des Eduens. Il suffit d’étudier l’histoire et la géographie alentour pour en déduire la localisation de Bibracte au Mont-Saint-Vincent. Surtout qu’il se voit comme le nez au milieu de la figure.

En Auvergne, le relief est beaucoup plus complexe, un vrai labyrinthe. Pas évident de dire quelle est la citadelle la plus importante dans le secteur de Clermont. Et oui, on cherche Gergovie autour de Clermont comme on cherche Bibracte autour de Chalon. L’histoire de l’Auvergne est tout aussi complexe, le relief n’y étant sans doute pas pour rien. César nous donne la description du site. Elle correspond au Crest au pied duquel ont été découverts les maigres traces de la bataille malheureusement située à Merdogne par Simeoni. L’historique du Crest est à l’image de celui l’Auvergne, très complexe, mais on s’aperçoit néanmoins qu’à chaque fois qu’une famille est devenue dominante dans la région, elle a récupéré le Crest.

Alors qu’aujourd’hui on n’hésite pas à répartir Gergovie entre Merdogne, Corent et Gondole, qu’est-ce qui empêche de prendre en considération Le Crest si ce n’est le fait que le secteur est beaucoup plus urbanisé que les autres ? Idem pour Mont-Saint-Vincent versus le Mont-Beuvray. Et pourtant, s’il y a bien une discipline qui devrait savoir qu’être guidé par des intérêts court-termistes ne mène nulle part, c’est bien l’Archéologie.


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