Clark Kent Schrek 26 janvier 2022 12:53

L’illusion pédagogique consiste à croire que l’école pourrait être le lieu où se gomment les discriminations sociales et où chaque enfant aurait les mêmes chances pour construire son avenir.

Le modèle des « Grandes Ecoles » n’échappe pas à cette idéologie, et il est souvent présenté comme le symbole de la méritocratie républicaine dans lequel chacun pourrait - à force de travail - s’élever dans l’ascenseur social. Dans son livre « Héritocratie : Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020) », Paul Pasquali montre qu’il s’agit d’un mythe et qu’elles se sont développées au détriment des universités.

En fait, les grandes écoles assurent une reproduction sociale des élites, en favorisant des élèves déjà favorisés : à Polytechnique, on compte 92 % d’enfants de milieux aisés, et aucun enfant d’ouvriers.

Pour éviter l’invasion des étudiants de plus en plus nombreux à avoir le bac entre les années 70 et 90, les grandes écoles se sont fermées encore plus qu’avant en rehaussant le niveau requis et les frais d’inscription.

Leur coût économique est entre 2 et 8 fois plus important par étudiant, selon qu’on parle des classes prépas ou d’écoles publiques comme Sciences Po, les ENS, l’ENA ou Polytechnique

Le fait qu’il y ait 14 % de boursiers dans les grandes écoles n’est pas la preuve que le système tend vers une certaine équité. D’abord, le critère « boursier » ne tient compte que des revenus de la famille, du nombre d’enfants et de l’éloignement mais pas du tout du capital culturel qui joue pourtant un rôle au moins aussi important que le capital économique. Mais aussi parce que les mesures d’élargissement des bourses se sont surtout faites au profit des classes moyennes.


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