Christophe Claudel Christophe Claudel 10 janvier 2023 11:59

Merci pour ces commentaires.

Quelques précisions.

D’abord il faut distinguer le journal Charlie Hebdo et le phénomène Je suis Charlie.
A titre personnel, j’ai toujours eu de la sympathie pour Charlie Hebdo et les autres journaux satiriques comme Le Canard Enchaîné, Le Crapouillot ou Fluide glacial aujourd’hui disparus. Cette presse correspond à une tradition historique française de la satire politique, de la caricature, du pamphlet, de l’impertinence envers les puissants, les institutions, les bigots ou l’ordre établi.
A ce titre on a raison de défendre son existence, comme le droit d’expression, y compris sous une forme vulgaire, insolente, impertinente.
Le qualificatif de « sioniste » à propos de Charlie Hebdo est inacceptable et pervers. La rédaction de Charlie comportait quelques Juifs, clairement de gauche et pas franchement à la botte du pouvoir israélien, mais aussi des Arabes et autres. Le journal s’en est toujours pris indifféremment à tous : politiques de droite et de gauche, riches et pauvres, cathos, Juifs, musulmans, chacun en prend régulièrement pour son grade. Il y en a parmi ceux qui se sentent visés qui reprochent à Charlie Hebdo de faire une fixette sur eux, mais c’est faux.

Quant au phénomène Je suis Charlie, qu’il soit spontané ou non, c’est clairement un outil d’ingénierie sociale et le symptôme d’une tendance très française à la sacralisation de la caste journalistique. Des massacres antisémites restés impunis comme le meurtre de Sarah Halimi par un voisin islamiste scandalisent moins que 8 journalistes tués par des terroristes. La mise en scène de la Place de la République le 11 janvier 2015 avec un cordon de 60 chefs d’Etat marchant main dans la main aux côtés de François Hollande est clairement une façon de dire : « Nous sommes en guerre », de donner l’illusion d’un unanimisme dans la dénonciation, du fait que cet attentat touchait à une dimension sacrée et universelle qui ne pouvait faire débat, et à justifier une croisade en Irak et en Syrie aux motifs plus que troubles.

En conclusion, on a raison de se déclarer solidaire d’un journal décapité pour avoir publié des caricatures du Prophète, on a raison de dénoncer le terrorisme islamiste et de défendre la liberté d’expression, on doit même s’appliquer à un devoir de vigilance face aux répliques de ces attaques contre nos principes, attentat de la Préfecture, Samuel Paty affaire Mila..., sans pour autant tomber dans le panneau d’une cause manipulée et érigée en cause officielle pour occuper les esprits et occulter d’autres réalités.


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