
@Michel J. Cuny
Je suis allé faire un tour dans votre lien et je n’y voit aucun intérêt personnel.
Par contre, j’ai de l’intérêt pour ce que vous écrivez sur Voltaire.
de mon point de vue que vous pourrez trouver comme naif, je distingue deux aspects du personnage.
Le philosophe qui s’en tient à la raison pure et le nécessiteux, se décrivant lui même dans une citation que vous rapportez comme un « gueux » qui s’en tient à la volonté de sa propre indépendance.
Par exemple, je me réfère à cette citation que je retiens de lui et reprend beaucoup en ce moment
L’esprit d’une nation (capitaliste cela va sans dire) réside toujours dans le petit nombre qui fait travailler le grand, est nourri par lui et le gouverne.
Si on ne retient que cette citation, Voltaire fait preuve d’un réalisme quelque peu cynique, mais si on lit ce qui la précède et la conclut, alors on peut penser qu’il en est rien.
Puisqu’il écrit ceci ;
Quand nous parlons de la sagesse qui a présidé quatre mille ans à la constitution de la Chine, nous ne prétendons pas parler de la populace ; elle est en tout pays uniquement occupée du travail des mains (y compris des intellectuels et autres scientifiques, qui sont les mains du cogito asservie). L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre, qui fait travailler le grand, est nourri par lui, et le gouverne.
C’est une suite naturelle de l’inégalité que les mauvaises lois mettent entre les fortunes, et de cette quantité d’hommes que le culte religieux, une jurisprudence compliquée, un système fiscal absurde et tyrannique, l’agiotage, et la manie des grandes armées, obligent le peuple d’entretenir aux dépens de son travail. Il n’y a de populace ni à Genève, ni dans la principauté de Neuchâtel. Il y en a beaucoup moins en Hollande et en Angleterre qu’en France, moins dans les pays protestants que dans les pays catholiques (ou musulmans). Dans tout pays qui aura de bonnes lois, le peuple même aura le temps de s’instruire, et d’acquérir le petit nombre d’idées dont il a besoin pour se conduire par la raison (et non se laisser manipuler par la passion, d’une culture faites pour cimenter la populace à servir les intérêts de ses maîtres).
(Voltaire, essai sur les mœurs et l’esprit des nations, chapitre 155)
Cela veut dire que Voltaire faisait la différence entre la réalité de son époque et l’idéal qu’on peut se faire d’un monde juste et quelque peu vertueux.
Voyez par exemple lorsqu’il écrit « quand la populace se mêle de raisonner, tout est perdu », et la citation que vous donnez juste après disant "Il faut que la lumière descende par degrés ; celle du bas peuple sera toujours fort confuse. Ceux qui sont occupés à gagner leur vie, ne peuvent l’être d’éclairer leur esprit. Il leur suffit de l’exemple de leurs supérieurs. »
Il l’écrit à une époque où la populace ne sait ni lire ni écrire et où rien ne laisse penser que cela puisse advenir de son temps. De fait, il convient de savoir de quelle ’« lumière » il parle.
Normalement, c’est celle qui veut d’être conduit par la raison et de se doter de bonnes lois permettant au peuple de mieux vivre et en paix. Et cette lumière doit donc en toute logique atteindre d’abord ceux qui sont en haut de la pyramide.
Mais remarquez comme ce qu’il dit est pertinent à notre époque, vous en faites vous même l’expérience avec vos articles où des gens pensent raisonner alors qu’ils ne font que participer à leur propre abrutissement et d’interdire précisément à la raison de se faire entendre, tant le bruits parasites qu’ils émettent l’interdit.
Bref, il ne faut pas voir tout blanc ou tout noir, c’est par trop réducteur ! De mon point de vue, Voltaire s’était rendu à la réalité de son temps, notamment peut être dans le fameux différends avec un noble où il fut bastonné et dû partir. Et peut être aussi de ses échecs avec des princes ou des rois comme le fameux Frédéric.
Il me semble qu’il en avait conclu que le mieux était de s’enrichir pour ne plus dépendre de ces princes et être autant libre qu’on peut l’être avec l’argent.
Il y a donc du cynisme chez lui qui le dispute à son empathie pour le monde.
Mais ce n’est qu’un point de vue qui s’appuie sur peu quelques éléments.
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