masuyer masuyer 27 juin 2007 21:03

Zen,

merci pour tes compliments. Pour être tout à fait franc, je n’ai pas toujours été bûcheron, j’ai aussi été cuisinier, puis animateur. Je renoue seulement maintenant avec le métier que je voulais exercer étant plus jeune. Je ne le regrette absolument pas. Un petit commentaire personnel, tiré de ma petite expérience (je suis encore jeune), c’est que beaucoup de gens, donnés comme médiocres à l’école, abonnés aux dernières places et fachés avec la « Culture », ont, quand ils ont eu la chance de trouver un métier où ils s’épanouissaient, pu devenir des hommes ou des femmes très cultivés. Un métier est une culture et la culture appelle la culture, peut-être. J’ai noté aussi qu’on rencontrait ça aussi chez des ouvriers et des paysans par l’implication syndicale ou politique. C’est sans doute un peu naïf, mais ayant souvent l’occasion de lire tes commentaires, je ne pense pas que tu m’en tiendra rigueur.

J’en finis avec cette digression, pour répondre à tes réflexions et à tes souvenirs. Commençons par les souvenirs, qui ne te font pas passer pour un fossile (remarque j’ai plutôt le goût des fossiles smiley ).

J’avais vu un film documentaire qui s’appelait « Chronique de la Forêt des Vosges », dans le coup j’ai cherché les références (http://www.flachfilm.com/index.php?page=actor&id=435&redirect=125)

C’est une galerie de portraits de forestiers vosgiens, des « figures ». On y voit notamment un père et son fils, bûcherons tous les deux, qui pour se détendre le WE, vont faire du bois à l’ancienne (hâche et passe partout) et pratiquent le schlittage.

Pour ce qui est des fagots, c’est vrai que rien ne restait en forêt. J’ai discuté avec un garde d’une cinquantaine d’années, originaire du Haut-Jura et qui me racontait que quand il était gamin, il allait au bois avec ses parents paysans. Ils ramassaient les rémanents (branches laissées au sol par le bûcheron qui a façonné la grume) pour alimenter la fromagerie. En effet la Franche-Comté a une tradition de coopératives, les « fruitières » qui sont des coopératives fromagères (un lien qui en explique le fonctionnement http://www.comte.com/pages.php?idMenu=43). Les paysans utilisateurs de cette fruitière devaient fournir le bois nécessaire au chauffage du lait.

Il est vrai qu’aujourd’hui, pour des raisons diverses et surtout de coût de la main-d’oeuvre ( dans la jeunesse du garde mentionné ci-dessus, les campagnes regorgeaient de petites mains et le fonctionnement économique était fort différent du notre) ces rémanents sont éparpillés au sol, mis en tas ou en andain (la pratique du brûlage étant désormais très marginale). On commence à les ramasser avec des machines pour en faire de la plaquette forestière (bois broyé destiné au chauffage). Mais il semble aujourd’hui qu’il est important en terme de biodiversité qu’il reste du bois mort en forêt, de plus la destruction de bois mort crée de l’humus nécessaire à l’avenir de cette forêt.

Je partage ton raisonnement sur la logique à court terme du capitalisme difficilement compatible avec la gestion forestière. Je reste toutefois optimiste car la tempête de 1999 notamment ont entrainé une prise de conscience des acteurs de la forêt. Je te renvoie au site de Pro-Silva (c’est mon dada) donné en lien dans l’article, ils démontrent qu’une gestion forestière proche de la nature peut être conciliable avec les « impératifs économiques ».

J’espère ne pas avoir été trop long.

Amicalement


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